
Cézanne peint est interprétée en quatrième titre du Tour de France 88, capté au Zénith de Paris en novembre 1987. France Gall, qui refuse de se produire à Bercy pour privilégier une salle plus intime et familière, imagine un spectacle ouvert et circulaire, conçu pour abolir la distance entre l’artiste et le public. La mise en scène est signée Michel Berger, et l’ambiance du concert oscille entre festivité, émotion et proximité.
L’atmosphère est renforcée par des projections visuelles et un décor étoilé, tandis que les musiciens, les choristes et les Phenix Horns d’Earth, Wind & Fire offrent une assise musicale d’une grande richesse.
En quatrième titre du concert, France Gall interprète Cézanne peint, une chanson à part dans son répertoire. Écrite par Michel Berger, cette pièce délicate est un hommage au peintre impressionniste Paul Cézanne. Le texte explore la figure de l’artiste par touches sensibles, comme autant d’échos à la lumière provençale chère au couple Gall-Berger, qui avait passé un été à Aix-en-Provence en 1983, sur les traces du peintre. Les paroles de Cézanne peint dépassent le portrait d’un homme pour interroger la place de l’art dans la société. Le texte, tout en retenue, suggère plus qu’il ne décrit, dans une approche impressionniste où chaque mot pèse. « Cézanne peint / Et il éclaire le monde pour nos yeux qui ne voient rien » résume cette ambition artistique : donner à voir, à ressentir, à penser.
La production musicale se distingue par sa sobriété : les programmations se font discrètes, laissant place à des nappes répétitives et planantes. La voix de France Gall s’y pose avec naturel. La chanson se clôt sur un bruit d’orage authentique, retrouvé dans les archives du studio Gang. France Gall confiait que ce choix faisait écho à la fin tragique de Cézanne, surpris par la pluie alors qu’il peignait en extérieur, tombé malade et décédé peu après.
La captation originale de ce moment a été restaurée par France Gall Collection à partir d’un enregistrement vidéo d’époque, dont la qualité était initialement limitée. Le travail de restauration est un processus rigoureux qui combine plusieurs étapes techniques : nettoyage de l’image, stabilisation, correction colorimétrique, amélioration de la netteté, et parfois interpolation de mouvements pour fluidifier certains passages. Des outils d’intelligence artificielle sont aujourd’hui utilisés pour sublimer le rendu visuel, tout en respectant l’authenticité de la captation originale. Il ne s’agit pas de transformer l’esthétique du passé, mais bien de redonner à ces images leur éclat et leur force, afin de permettre à chacun de redécouvrir ce concert dans les meilleures conditions possibles. Certaines séquences peuvent encore présenter de légers artefacts ou déformations : c’est le prix à payer pour offrir une nouvelle vie à ces archives.
France Gall