Évidemment est la sixième chanson du Tour de France 88, lors du concert capté au Zénith de Paris à l’automne 1987. Ce titre, écrit par Michel Berger, prend une place singulière dans le répertoire de France Gall. Elle évoque la disparition de Daniel Balavoine, en janvier 1986 lors d’un accident d’hélicoptère au Mali. Ami proche du couple Gall-Berger, figure engagée, Balavoine a profondément marqué leur vie personnelle. France Gall confiera plus tard qu’elle a chanté Évidemment “en pensant à autre chose qu’au texte pour ne pas pleurer“.
Sur scène, cette retenue bouleverse. Loin de tout pathos, Évidemment parle du silence après la catastrophe, du vide laissé par l’absence, de la difficulté à poursuivre. Les nappes de synthétiseur enveloppent la mélodie avec douceur, créant une atmosphère suspendue, presque irréelle. Le chant de France Gall, à la fois fragile et tenu, porte la douleur sans jamais l’imposer. La chanson est dédiée à Corinne Barcessat, dernière compagne de Daniel Balavoine, également impliquée dans la conception du spectacle.
Lors de l’enregistrement studio, Serge Perathoner évoque une construction empirique : les musiciens n’ont pas joué ensemble, chaque piste a été façonnée séparément, jusqu’à créer ce qu’il qualifie de bijou. Berger utilise ici les mêmes accords que pour Quelque chose de Tennessee, écrit en 1985 pour Johnny Hallyday, mais leur donne un tout autre souffle.
Sur scène, Évidemment s’inscrit dans un concert pensé comme une fête partagée, un moment de communion. En refusant Bercy, France Gall choisit le Zénith pour son atmosphère plus intime. La mise en scène de Michel Berger, l’éclairage subtil et les projections étoilées renforcent la dimension poétique du spectacle. Les musiciens, les choristes et les Phenix Horns d’Earth, Wind & Fire offrent un écrin de qualité à chaque chanson. Parmi les autres temps forts : Babacar, J’irai où tu iras, ou Ella, elle l’a.
Le spectacle fait l’objet d’une captation vidéo qui paraîtra ensuite en VHS et LaserDisc. L’album live Le Tour de France 88 est également édité en double vinyle, cassette et CD. Les éditions vidéo proposent quelques titres supplémentaires non disponibles en audio, renforçant le caractère unique de ces documents.
La captation originale de ce moment a été restaurée par France Gall Collection à partir d’un enregistrement vidéo d’époque, dont la qualité était initialement limitée. Le travail de restauration est un processus rigoureux qui combine plusieurs étapes techniques : nettoyage de l’image, stabilisation, correction colorimétrique, amélioration de la netteté, et parfois interpolation de mouvements pour fluidifier certains passages. Des outils d’intelligence artificielle sont aujourd’hui utilisés pour sublimer le rendu visuel, tout en respectant l’authenticité de la captation originale. Il ne s’agit pas de transformer l’esthétique du passé, mais bien de redonner à ces images leur éclat et leur force, afin de permettre à chacun de redécouvrir ce concert dans les meilleures conditions possibles. Certaines séquences peuvent encore présenter de légers artefacts ou déformations : c’est le prix à payer pour offrir une nouvelle vie à ces archives.
France Gall
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