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J’ai une foi incroyable en la vie (Presse)

L’article retranscrit

Après deux années de silence, elle crée l'événement musical avec "Évidemment", une anthologie de ses chansons écrites par Michel Berger.

Après deux années de silence, elle crée l’événement musical avec “Évidemment”, une anthologie de ses chansons écrites par Michel Berger.

Entretien avec une artiste qui cultive l’optimisme.

ANNE MICHELET : Qu’est-ce qui vous a poussée à sortir cette intégrale des années Warner ?

FRANCE GALL : C’est ma maison de disques qui en a eu l’idée. Ça m’a semblé saugrenu mais, en fait, c’est une aventure assez géniale. Que du bonheur ! Comme je m’investis toujours sur les projets qui me concernent, j’ai dû sortir de mon cocon.

ANNE MICHELET : Se pencher sur le passé n’a pas été trop douloureux ?

FRANCE GALL : J’en suis étonnée, mais il n’y a aucune tristesse dans ces chansons. Ce ne sont que de bons souvenirs. Nous avons tellement travaillé avec Michel, mais aussi tellement ri. Je retrouve ces moments d’amour avec plaisir.

ANNE MICHELET : Comment avez-vous procédé ?

FRANCE GALL : J’ai réécouté l’intégralité de mon travail. C’était la première fois que je faisais ça avec autre chose en tête que choisir des chansons pour un spectacle. Là, j’ai pris le temps et j’ai vu défiler toute ma vie, sans nostalgie.

ANNE MICHELET : Vous êtes exigeante ?

FRANCE GALL : Perfectionniste ! Ceux qui achèteront l’intégrale et qui ont déjà tous mes disques ne seront pas déçus en l’écoutant, car le son est exceptionnel. En même temps, il y a une vraie création, parce que je veux toujours donner le maximum. J’adore écrire, mais je ne ferai jamais un livre. J’ai donc accompagné mes chansons de petits commentaires.

ANNE MICHELET : « C’est la seule chose qui compte », un inédit, est une belle leçon d’espoir …

FRANCE GALL : Cette chanson est très fraîche. Michel l’adorait. Il aimait sa force, la simplicité du message, le rythme. Ça fait du bien de l’entendre, elle est très positive.

ANNE MICHELET : Elle prend un relief particulier aujourd’hui …

FRANCE GALL : Elle donne du courage à tous ceux qui ont vécu des moments difficiles, elle incite à aller de l’avant. Je trouve les paroles magnifiques. J’ai du mal à en parler, parce que Michel détestait que l’on fasse une explication de textes. Il voulait que ça reste une émotion.

ANNE MICHELET : Ce travail est important aussi pour votre fils …

FRANCE GALL : Je ne sais pas, mais si j’étais à sa place, je pense que oui. D’abord, c’est un bel objet, original, qui permet de redécouvrir les créations de son père avec une qualité acoustique unique. Et puis, il restera une trace. Dans trois ans, les bandes auraient été abîmées. Je voulais donc avoir une intégrale en CD.

ANNE MICHELET : Après avoir formé pendant dix-huit ans un couple mythique avec Michel Berger, vous avez dit : « J’ai envie de lui rendre ce qu’il m’a donné. »

FRANCE GALL : Je veux faire les choses au mieux pour Michel, en professionnelle, comme il me l’a appris. Tout le travail que je peux réaliser sur lui, je le fais. A partir du moment où on a commencé à vivre ensemble, Michel s’est occupé de toute ma carrière : production, écriture, budget, musiciens … J’ai une éternelle reconnaissance envers cet homme qui m’a tant donné et qui a fait de moi une femme et une chanteuse accomplies.

ANNE MICHELET : Êtes-vous surprise par la modernité de sa musique ? ·

FRANCE GALL : Non, c’était aussi ce qui me plaisait avec ses textes. Je déteste les choses démodées. Il a pris des risques en créant des titres comme Laissez passer les rêves. Mais aujourd’hui, son œuvre est intacte. Une intelligence mêlée à un don ont fait de lui un visionnaire.

ANNE MICHELET : Vous n’êtes pas étonnée que la « Star Academy » ait repris « Musique »?

FRANCE GALL : Non, c’est logique. Michel a laissé quelque chose d’important. Je suis sa plus grande fan et je le serai toujours, tout en ayant une très grande lucidité sur son travail. Quand il a écrit la Légende de Jimmy, par exemple, j’étais effondrée, car je pensais que c’était beaucoup trop en avance. Or le spectacle a quand même rencontré un certain succès.

ANNE MICHELET : Comment expliquez-vous la fidélité de votre public ?

FRANCE GALL : Je l’ignore, mais il est responsable de ma présence ! J’ai souvent voulu m’arrêter et, quarante ans plus tard, je suis toujours là ! [Rires.] J’aime la musique de manière physique, c’est pour cela que je n’ai jamais inscrit « chanteuse » sur mon passeport.

ANNE MICHELET : Vous avez marqué « artiste » ?

FRANCE GALL : Je n’oserais pas ! Je suis musicienne. Je considère la voix comme un instrument qui se travaille et se mêle aux musiciens.

ANNE MICHELET : Vous avez du caractère, on vous imagine mal faire une chose malgré vous ?

FRANCE GALL : Aujourd’hui, oui. Mais à 16 ans, c’était délicat, on devait obéissance … C’était anormal de ne pas apprécier de faire des photos, des télés. J’ai accepté cette règle du jeu sans l’aimer. Dès que je suis filmée, je suis mal à l’aise. Moi, ce que j’adore, c’est faire de la musique, en studio ou sur scène.

ANNE MICHELET : Vous avez aussi fondé une famille, votre désir le plus cher …

FRANCE GALL : Mon rêve d’enfant … Michel me disait une chose qui me faisait rire : « Tu sais que tu as quand même eu de la chance de trouver un type bien pour épouser une chanteuse !»

ANNE MICHELET : Où puisez-vous votre force ?

FRANCE GALL : J’ai une foi incroyable en la vie, mais c’est très difficile de répondre à cette question, car cela m’a demandé des années de travail pour être ce que je suis aujourd’hui. Vous savez, quand on traverse des moments difficiles, on apprend vite les choses essentielles.

ANNE MICHELET : Remonterez-vous sur scène un jour ?

FRANCE GALL : C’est le moment de sortir la boule de cristal ! [Rires.] Je ne suis pas dans cet état d’esprit. J’ai accompli ce que je devais faire.

Évidemment se décline en quatre éditions, dont l’intégrale des années Warner (13 CD et 1 DVD) qui sort le 25 octobre, WEA.

Magazine : Version Fémina
Propos recueillis par Anne Michelet
SUPPLÉMENT DU COURRIER PICARD DU 22 OCTOBRE 2004

SUPPLÉMENT DU SAONE-ET-LOIRE DU 24 OCTOBRE 2004 (MERCI À ROMAIN)
Numéro : 134

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