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France Gall Gold | CD | 32 titres

Cette compilation parue en 2006 regroupe trente-deux titres enregistrés par France Gall dans les années 60. Elle couvre une période importante de sa carrière, de ses débuts en 1963 à la fin de la décennie. Le boitier contient 2 CD, édités par Polydor France, avec une sélection équilibrée entre titres populaires et morceaux un peu moins connus. Découvrez une première version est éditée en 2002.

Le premier disque commence avec Ne sois pas si bête (Stand A little closer), son tout premier 45 tours sorti alors qu’elle avait à peine 16 ans. Ce morceau marque le début de la collaboration de France Gall avec Denis Bourgeois, son directeur artistique, et introduit la voix fraîche et directe qui deviendra sa signature. On retrouve ensuite des titres comme N’écoute pas les idoles, Jazz à gogo, ou Laisse tomber les filles, qui illustrent bien l’époque yéyé et les débuts de sa notoriété auprès du jeune public.

Parmi les morceaux les plus emblématiques, Poupée de cire, poupée de son occupe une place centrale. Composé par Serge Gainsbourg, ce titre a valu à France Gall de remporter l’Eurovision en 1965 pour le Luxembourg. La chanson marque un tournant dans sa carrière. Plus qu’un simple tube, elle devient un symbole de la jeune chanson pop française exportée à l’international. On retrouve aussi sur ce premier CD Sacré Charlemagne, chanson destinée à un public plus jeune, devenue l’un de ses plus grands succès commerciaux.

Le second disque s’ouvre avec Baby Pop, enregistré en 1966, un morceau qui lui permet de prendre un peu plus de distance avec son image d’idole. La chanson évoque avec simplicité le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Suivent Les sucettes, Cet air-là, et Bonsoir John John. Leur ton change, avec parfois des doubles sens ou des thèmes plus adultes. Cela provoquera certaines incompréhensions à l’époque, notamment avec Les sucettes, dont le sous-texte ne lui avait pas été clairement exposé.

Le choix des titres de France gall n’est pas chronologique, ce qui permet une écoute plus libre. L’ensemble est homogène, sans redondance. Certains morceaux sont très courts, parfois moins de deux minutes, mais participent à la dynamique d’ensemble du coffret.

Le design de la pochette est sobre. On y voit un gros plan du visage de France Gall, signée Patrick Bertrand. L’image renforce l’identité visuelle de cette période, souvent associée à la fraîcheur et à une forme de modernité dans la pop française des années 60. Le disque contient un beau livret de 6 pages illustré de photos et avec un texte signé Christophe Conte (retranscrit à la suite de cette page).

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Best of France Gall 2002, compilation CD Polydor avec 32 titres des années 60

Un raccourci trop souvent emprunté conduit à ce lieu commun : c’est en rencontrant Michel Berger en 1974 que France Gall aurait véritablement entamé sa carrière de chanteuse, glissant subitement de l’habit de poupée (de cire, de son) au tailleur fait sur mesure de la femme adulte et épanouie, citoyenne, mère et amoureuse.

Auparavant, pendant les dix années durant lesquelles elle déploya pour le compte du label Philips une farandole ininterrompue de EP, 45t et 30 cm, elle n’aurait ainsi fait qu’incarner un modèle de petite cruche ébréchée par des chagrins d’amour de collège, transportée ici et là par de cupides manipulateurs, secouée sans ménagement pour faire mousser un juteux cocktail à base de chlorophylle, de limonade et d’un zeste de citron — ce dernier ingrédient pour l’œil inquisiteur de la morale, qui à cette époque s’irritait d’un rien.

Bref, il est pratique pour tout le monde de caricaturer la France Gall sixties en gentille blondinette, en lolita tête de linotte et tête de bois, ou en rosière abusée textuellement par un plaisantin à tête de chou.

C’est pourtant bien Serge Gainsbourg qui prévenait dans une interview en 1968, deux ans après la fameuse affaire des Sucettes : « Ceux qui n’aiment pas France Gall se trompent », la qualifiant au passage de « personnage ambigu », comme pour invalider cette rumeur qui voulait que la pauvresse ne comprenne que pouic à ce qu’il lui collait sur la langue.

Pourtant, si une interprète fut royalement servie à cette époque par Gainsbourg, non seulement musicalement mais aussi sur un plan littéraire, c’est bien France Gall. Une petite dizaine de chansons à double ou à triple fonds — toutes contenues, cela va sans dire, dans cette compilation — qui abordent certains des sujets les plus glissants qui se présentaient sous les semelles de la jeunesse désorientée du baby-boom.

Il y est ainsi question pêle-mêle de suicide (Attends ou va-t’en), d’ambiguïté sexuelle (Nous ne sommes pas des anges), de drogues et de groupies (Teenie Weenie Boopie), sans compter cet espèce de best of sulfureux qu’est Baby pop, qui parle en moins de quatre minutes d’oppression sociale, de mort, de mariage forcé et de guerre !

Sans parler non plus de la propre critique embarquée du phénomène des teen-idols à travers N’écoute pas les idoles et, évidemment, Poupée de cire, poupée de son. Gainsbourg doit beaucoup à France Gall, car sans cette chanson à la dynamique spectorienne, qui décrocha en 65 la timbale dorée du Concours de l’Eurovision — pour le compte du Luxembourg et non de la France, n’oublions jamais ce détail absurde —, il aurait peut-être attendu encore longtemps que se noircisse son carnet de commandes de faiseur de tubes.

France Gall doit beaucoup à Gainsbourg, notamment pour l’avoir détournée sans avoir l’air des histoires mineures d’écolière (Sacré Charlemagne) ou du simple journal intime griffonné à l’eau de rose (Mes premières vraies vacances, Le temps de la rentrée) auquel certains auraient voulu l’abonner.

Pas mal de chansons dans cette veine « bluette », précisons-le, sont de vrais petits bijoux, à l’image du jazzy Pense à moi, de l’adorable Christiansen et sa floraison de trompettes pimpantes, ou des pop-songs ouvragées selon les modèles anglais inventés notamment par les Beatles (Chanson pour que tu m’aimes un peu, Toi que je veux).

Car France Gall, avec ou sans Gainsbourg, aura souvent bénéficié des largesses orchestrales des meilleurs arrangeurs de l’époque : Alain Goraguer (Jazz à gogo, composé d’après la première syllabe de son nom), Michel Colombier (notamment pour l’euphorique Dady da da, qui devint le générique de l’émission culte des french sixties Dim-Dam-Dom), ou encore l’anglais David Whitaker (Made in France, qui tente de creuser bien avant l’heure un tunnel sous la Manche).

Pour ses beaux yeux de biche un peu farouche, certains musiciens de jazz parmi les plus prisés du circuit français ont également répondu présent, notamment le bassiste Pierre Michelot ou le batteur Christian Garros.

Jamais très loin pour surveiller sa progéniture, Robert Gall aura pendant toutes ces années d’apprentissage apporté non seulement ses talents de compositeur (exercés auparavant chez Aznavour ou Piaf) mais aussi ce cadre familial — composé également de Patrice, le frère qui compose aussi, et de la mère, Cécile, musicienne et bonne conseillère — qui maintiendra la jeune et jolie Isabelle rebaptisée France hors d’atteinte des mauvaises rencontres ou des choix de carrière hasardeux.

Une chose est certaine, concernant cette décennie où France Gall illumine de sa présence solaire les premières boums yéyés : elle passe ensuite à la vitesse pop et au dévergondage rock. Il n’y a en apparence aucun nuage pour venir assombrir ce bonheur qui irradie la bande magnétique, les ondes et les écrans sur son passage en tornade blonde.

Plus tard, France aura beau dire qu’elle en a bavé, que le monde alentour était cruel avec sa chair blanche, qu’elle ne chantait pas toujours que du premier choix (ce qui est vrai) et qu’on la prenait vraiment pour ce qu’elle n’était point — c’est-à-dire une ravissante idiote —, tout ce qui émane de ses disques persiste à nous convaincre du contraire.

Non seulement elle fut l’une des chanteuses les mieux gâtées de son époque, mais même de ses chansons les plus naïves, à l’image de Bonsoir John John, écrite au lendemain de l’assassinat du président Kennedy, on retient une forme assez rare d’élégance musicale, voire une certaine distinction qui n’était pas donnée à tout le monde dans la pouponnière Salut Les Copains.

Même sa voix, souvent décriée pour ses brusques écarts dans les aigus, appartient à ce registre mi-enfantin mi-sirène qui n’a pas vraiment d’équivalent dans la variété française de l’époque, différente de l’onde amère d’une Françoise Hardy ou de la distanciation slave d’une Sylvie Vartan.

Gainsbourg, encore lui, voyait juste lorsqu’il comparait France à la Alice de Lewis Carroll, lâchée dans ce pays des merveilles que furent les années pop en France, décorées par Jean-Christophe Averty, William Klein ou Guy Pellaert.

Autour d’elle, comme dans un conte enchanté, de bons ou moins bons génies se pressèrent pour lui écrire des paroles et des musiques en rapport avec sa nature radieuse. On retrouve ainsi, au fil des années et des chansons, les noms de Pierre Delanoë — qui adapta notamment d’une chanson américaine le 45t inaugural Ne sois pas si bête en 63 —, les prolifiques Jacques Datin et Maurice Vidalin (Christiansen), Eddie Marnay et Guy Magenta (L’Amérique), ou encore Jean-Michel Rivat, Frank Thomas et le célèbre Joe Dassin, qui se mirent à trois pour donner naissance à Bébé requin.

À l’image du sucre d’orge parfumé à l’anis de la petite Annie, qui fit couler tant d’encre, les chansons pétulantes, émouvantes et effervescentes de la France Gall sixties sont le plus court chemin pour le paradis.

Titres de France Gall | 1. Ne sois pas si bête “Stand A Little Closer” (J. Wolf – “Bugs” Bower) adapt. : P. Delanoë 2’19 | 2. Pense à moi (R. Gall / J. Datin) 2’36 | 3. N’écoute pas les idoles (S. Gainsbourg) 1’46 | 4. Ne dis pas aux copains (M. Tézé / G. Magenta) 2’35 | 5. Jazz à gogo (R. Gall / A. Goraguer) 2’24 | 6. Mes premières vraies vacances (M. Vidalin / J. Datin) 2’11 | 7. Laisse tomber les filles (S. Gainsbourg) 2’10 | 8. Christiansen (M. Vidalin / J. Datin) 2’36 | 9. Sacré Charlemagne (R. Gall / G. Liferman) 2’50 | 10. Poupée de cire, poupée de son (S. Gainsbourg) 2’32 | 11. Dis à ton capitaine (M. Tézé / G. Magenta) 2’06 | 12. Le cœur qui jazze (R. Gall / A. Goraguer) 2’47 | 13. Attends ou va-t’en (S. Gainsbourg) 2’32 | 14. L’Amérique (E. Marnay / G. Magenta) 2’21 | 15. Nous ne sommes pas des anges (S. Gainsbourg) 2’43 | 16. Le temps de la rentrée (R. Gall / P. Gall) 1’34 | 17. Baby Pop (S. Gainsbourg) 3’22 | 18. Les sucettes (S. Gainsbourg) 2’34 | 19. Cet air-là (R. Gall / A. Goraguer) 2’32 | 20. Bonsoir John John (G. Thibaut / C.H. Vic) 2’15 | 21. Boom Boom (P. Reinaud / K. Soren) adapt. : P. Delanoë 2’17 | 22. Nefertiti (S. Gainsbourg) 2’21 | 23. Les yeux bleus (R. Gall / C.H. Vic) 2’33 | 24. Bébé requin (J.M. Rivat – F. Thomas / J. Dassin) 2’46 | 25. Chanson pour que tu m’aimes un peu (R. Gall / P. Gall) 2’25 | 26. Teenie Weenie Boppie (S. Gainsbourg) 2’59 | 27. Made in France (M. Vidalin / J. Datin) 2’49 | 28. Toi que je veux (J.M. Rivat / F. Thomas / J. Dassin) 2’59 | 29. Avant la bagarre (R. Bernet / G. Magenta) 2’42 | 30. Dady da da (P. Delanoë / M. Colombier) 2’39 | 31. Le temps du tempo (R. Gall / A. Goraguer) 2’38 | 32. Y’a du soleil à vendre (R. Gall / H. Giraud) 2’07

Mentions légales | Édition 2 CD | Réf. 983-758-0 | France | 2006 | Compilation © 2006 Polydor France | ℗ 1963 : titres 1, 2 | ℗ 1964 : titres 3 à 9 | ℗ 1965 Polydor France : titres 10 à 16 | CD 1 : Éditions Bagatelle sauf 1 : Integrity Music Corp./Nancy Music Comp./Bagatelle, 8, 16 : Sidonie | CD 2 : Éditions Sidonie sauf 1, 2, 8, 9, 12 : Bagatelle, 4 : Bagatelle/Fantasia, 5 : Multitone Musik Verlag, 10 : Bagatelle/Melody Nelson Publ., 16 : SEMI/Bagatelle | Art direction : Vartan | Design : CB Graphic, Paris | Photos livret : p. 2, Patrick Bertrand ; p. 4, Odile Montserrat ; p. 7, Rancurel Photothèque ; p. 8, Rancurel Photothèque ; p. 12, Patrick Bertrand | Photos recto et inlay : Patrick Bertrand | Photo verso : Coll. France Gall | Distribution : Universal Music France | Made in the EU | LC 00309 | Acheter sur Discogs : https://www.discogs.com/fr/release/8336955-France-Gall-Gold

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