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France Gall : j’ai digéré mes chagrins

Après quelques années d’absence, France Gall se rappelle à notre bon souvenir ce soir, sur France 2, à l’occasion d’une soirée hommage à Michel Berger, son compagnon disparu il y a quinze ans.

« Tous pour la musique », dont elle est la maîtresse de cérémonie, réunit Johnny Hallyday, Laurent Voulzy, Diam’s, Françoise Hardy, Calogero, Amel Bent, Christophe Willem, Christophe Maé … La chanteuse, qui a fêté ses 60 ans début octobre, nous a reçus à l’occasion de ce show événement

Emmanuel Marolle : Comment est née cette émission ?

France Gall : Je n’aime pas fêter les disparitions, mais ma maison de disques sortait une compilation pour cet anniversaire. Alors, j’ai proposé de célébrer la musique de Michel. C’est aussi une manière de donner des nouvelles. Lui parti, moi qui ne chante plus, on a laissé un public en rade. Alors, je suis retournée à la télé, où je ne voulais plus aller …

Emmanuel Marolle : Pourquoi?

France Gall : Il n’y a rien qui m’en donne envie. Il n’y a plus d’émissions sur la musique. Et je ne veux pas venir parler de moi dans des talk-shows.

Emmanuel Marolle : Comment avez-vous composé le casting de ce soir ?

France Gall : J’ai fait appel aux gens pour qui Michel avait écrit, comme Johnny ou Françoise Hardy, que je n’avais pas revue depuis huit ans. Dans la nouvelle génération, j’ai pris Amel Bent, la plus belle voix en France actuellement. Quant à Christophe Willem, il possède une gaieté que pouvait avoir Ella Fitzgerald. Et puis, j’ai revu Calogero ! Quand il était ado, il m’avait retrouvée à la fin d’un concert, à Grenoble dans un restaurant, à 1 heure et demie du matin, pour me confier une cassette de sa musique. Un collaborateur de Michel avait signé son groupe et c’était devenu les Charts.

Emmanuel Marolle : Véronique Sanson, qui évoque souvent son histoire avec Michel Berger, n’est pas dans l’émission …

France Gall : Mais Michel n’a jamais écrit une chanson pour elle, il a juste produit ses deux premiers albums et mixé la chanson « Allah » ! Et puis, franchement, j’ai plutôt envie d’oublier le mal qu’elle nous a fait.

Emmanuel Marolle : Vous n’avez pas eu envie de chanter avec les invités ?

France Gall : Non, j’ai voulu être très claire, ce n’est pas mon retour. Je ne chante plus. Je n’entretiens pas ma voix. Je suis passée à autre chose.

Emmanuel Marolle : Quelle est votre vie aujourd’hui ?

France Gall : Entre la France et le Sénégal, empreinte de douceur et de beauté. A Dakar, je suis dans la nature, j’aime vivre dehors. Ici, je ne suis pas à l’aise à l’extérieur, par peur des paparazzis.

Emmanuel Marolle : Les 30 ans de « Starmania » approchent …

France Gall : Et il faut que l’on fasse quelque chose avec Luc Plamondon (NDLR.: auteur de la comédie musicale avec Michel Berger), sur scène, à la télé. Je veux éviter qu’il y ait des projets sans moi, comme ces concerts symphoniques catastrophiques au palais des Congrès en 2005 ! Je me suis retrouvée devant le fait accompli. Après la mort de Michel, Luc considérait qu’il pouvait faire ce qu’il voulait avec « Starmania ». J’ai beaucoup trop souffert pendant les dix ans où la version mise en scène par Lewis Furey a été jouée. C’était une horreur.

Emmanuel Marolle : Qu’aviez-vous pensé des reprises de Michel Berger par les élèves de « Star Academy », il y a cinq ans.

France Gall : J’ai commencé à travailler avec eux sur le premier titre, « Musique ». Et je n’étais pas contente du résultat. Eux, leur mot, c’est « vite ». Le mien, c’est « beau ». On ne pouvait pas s’entendre, on ne fait pas le même métier.

Emmanuel Marolle : Vous parlez de Michel Berger sans tristesse …

France Gall : C’est vrai, je ne pleure plus depuis longtemps. C’est digéré. Je n’ai pas enfoui les chagrins, je les ai laissés vivre. Cela fait quinze ans pour Michel, dix ans pour ma fille, qui aurait eu 29 ans hier (NDLR. : Pauline, décédée de la mucoviscidose en 1997). Ça aide, le temps qui passe. Mais si on me proposait de revivre ma vie, je dirais non. La prochaine fois, je demanderai à avoir une vie plus douce.

Magazine : Le Parisien (édition de l’Essonne)
Propos Recueillis Par Emmanuel Marolle
21 novembre 2007
Numéro : 19659

Merci à Elisabeth.

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