France Gall n’a (même) plus le temps de penser à l’amour.
Le 10 septembre, le magazine « Dim, Dam, Dom » nous a présenté une nouvelle France Gall, complètement transformée par Dessanges, l’un des coiffeurs préférés des vedettes.
Toujours plus jolie, France abandonne peu à peu ses allures de petite fille. Elle a bien changé depuis ses débuts de l’automne 1963 …
En octobre 1963, une petite jeune fille mignonne et bien comme il faut, nommée France Gall, tentait sa chance dans la chansonnette. A l’époque, cela n’avait rien d’original. Et comme la chanson française était déjà riche d’une petite Sheila et d’une grande Françoise, personne ne crut à l’avenir de la petite nouvelle : « Son succès aura la portée de sa voix entendait-on. C’est une question de semaines. »
Il y a quatre ans de cela. France Gall chante plus que jamais et elle conduit avec bonheur sa petite carrière internationale. Il était audacieux mais tentant de lui demander si elle attribue son succès au hasard, à la chance ou au talent.
Un premier bon point pour France. Elle a répondu calmement et franchement : « J’admets volontiers avoir une voix un peu criarde mais j’ai quand même quelques atouts importants : je chante juste, j’ai une voix qui se reconnait facilement et j’ai un style bien à moi. »
C’est vrai. Et deux hommes ont bien compris et servi les qualités de France. Son père Robert Gall et Serge Gainsbourg …
Robert Gall, le premier, a eu, en effet, l’idée de faire chanter sa fille. Et il connait la musique puisqu’il écrit des chansons depuis toujours et que Charles Aznavour lui doit son plus gros succès, « La Mamma ».
Il offrit à France sa première grande chance avec un titre qui prit la tête des hit-parades, « Sacré Charlemagne ». C’était un beau démarrage qui appelait une suite.
Ce fut, un an plus tard, le Grand Prix de l’Eurovision, à Naples, avec une chanson de Gainsbourg, « Poupée de cire, poupée de son ».
Du jour au lendemain, le nom de France fut connu dans toute l’Europe. Depuis, France voyage beaucoup. Vedette en Allemagne, elle a fait un triomphe au Japon qui la réclame après en avoir fait « la femme de l’année » …
A presque vingt ans, France est donc très satisfaite de ses quatre années de carrière. Elle se sentirait même plus heureuse… si elle n’était un peu inquiète d’elle-même. C’est vrai, depuis quelques semaines, France se sent « terriblement changée » … et elle n’a pas tort. Personne ne reconnait plus la petite fille des « sucettes à l’anis ». Et ce n’est pas seulement une question de coiffure. En réalité, France est en train de prendre un tournant capital de sa vie.
Il va être difficile à la femme qu’elle est devenue de défendre le répertoire très jeune qui a fait son succès. Il faut que son public évolue en même temps qu’elle. Son entourage est persuadé qu’elle prendra le bon virage. France est plus mignonne, plus séduisante que jamais. Sa volonté et son expérience lui donnent de plus l’esprit tranquille.
« Ma première ambition, avoue-t-elle, est de consolider ma position à l’étranger et de faire de très bons disques… » Sans doute fera-t-elle moins de scène. « Je trouve, dit-elle, que les filles ne sont pas faites pour les longues tournées. »
Peut-être aussi prendra-t-elle enfin le temps de vivre un peu pour elle-même. Depuis qu’elle a quitté le lycée, son métier lui a pris tout son temps. Longtemps, les journaux ont donné la vedette à ses amours avec Claude François. Depuis quelques mois, Claude et France ont tourné la page. Ils ne se voyaient jamais. Mais France n’a pas pour autant renoncé à l’amour. Elle en parle gentiment, en rougissant, comme effrayée par le sujet : « C’est merveilleux l’amour dans la vie d’une femme. Et c’est important. C’est aussi très compliqué dans mon métier. Il faut avoir le temps… pour l’autre. »
Si elle pouvait acheter du temps, France dépenserait certainement beaucoup d’argent …
Magazine : Télé Magazine
Par Philippe Gosset
Date : du 23 au 29 septembre 1967
Numéro : 622