Michel Berger, France Gall : presse et TV (partie 2)

WEA fait le bilan des ventes du dernier album de France Gall et Michel Berger, tout en mettant en place un nouveau simple “Superficiel et léger”.

Le clip de ce titre est mis en image par Jean-Marie Périer, l’ex-photographe de Salut Les Copains.

Platine se souvient avec émotion et vous propose la carrière du couple déjà légendaire, vue au travers des hebdomadaires de presse télé. La première partie de ce dossier est parue dans notre précédent numéro.

1973-1976

En 1973, Michel Berger est sous les feux de l’actualité grâce à l’album de Véronique Sanson, grâce aussi à la production de l’album de Françoise Hardy, grâce aussi à son premier album d’interprète pourtant distribué de façon confidentielle. En 1974, alors que la France change de président, Michel propose un nouveau simple à Françoise Hardy, ‘Je suis moi”, dont elle fera un tube. En 1974, c’est aussi l’album de Michel, “Chansons pour une fan”, sur lequel il grave son tout premier duo avec France Gall “Mon fils rira du rock’n’roll” ainsi que “Ecoute la musique”. Quelques temps après, c’est la fin du tunnel pour France Gall. Elle triomphe avec “La déclaration”, suivi de “Aime-là”. Désormais, elle ne chantera plus que du Berger. La presse télé ne réagit cependant pas tout de suite à ce phénomène. Il faut dire que la télévision, qui se résume alors au service public, est en crise, et que l’éclatement de l’ORTF et la naissance de TF1, A2 et FR3 occupent beaucoup cette presse. En 1975, Michel Berger, au coeur de la vague néo-romantique, enregistre un nouvel album “Que l’amour est bizarre” où figure “Seras tu là ?”. En 1976 “Mon piano danse” est une nouvelle étape vers la reconnaissance du public. Télé Poche est le premier journal télé à renouer avec France Gall.

Il lui offre une couverture en 1976 alors qu’elle triomphe avec “Comment lui dire” et qu’elle vient d’épouser Michel Berger. Pour l’été, tous deux nous proposent deux duos, le premier est swing, un peu cocorico, “Ça balance pas mal à Paris”, le second est plus feutré, “Le monologue d’Emilie”.

1976-1982

L’été 1977 est disco y compris pour France qui cartonne avec l’album “Dancing disco” dans lequel on trouve “Musique” et “Si Maman si”. Les succès s’enchainent, “Viens je t’emmène”, avec une couverture de Télé-Magazine en juillet 1978, alors qu’elle donne naissance à sa petite fille, Pauline, et qu’elle triomphe sur scène au Théâtre des Champs-Elysées. Michel, de son côté, écrit “Starmania” avec Luc Plamondon. Ce sera un triomphe dans toute la francophonie. “Il jouait du piano debout” et “Bébé comme la vie” arrivent en 1980 et c’est une nouvelle couverture de Télé Poche en septembre à l’occasion de “Stars” de Michel Drucker avec France. Télé Star, petit nouveau dans la cour des grands, suit en novembre 1980 et offre une couv’ à France, alors qu’elle chante en duo avec Elton John “Donner pour donner”. Le modeste Télé Guide, à la même époque, mettra aussi France à l’honneur. Michel lui a toujours beaucoup de mal à convaincre les médias, pourtant son nouvel album “Beauséjour” regorge de tubes : “La groupie du pianiste”, “Celui qui chante”. Il est aussi sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées en juin 1980. Rien n’y fait, ni son duo télé avec Gainsbourg, ni son duo studio avec Balavoine. Le refus est d’ailleurs quasi-général. Seul Super-Télé en novembre 1980 offre sa couv’ à Michel à l’occasion d’un Numéro Un Gall-Berger où ils chantent en duo “Il jouait du piano debout”. La presse TV n’est pas la seule à refuser de mettre ce génie à la une. Match, VSD et bien d’autres donnent régulièrement leur une à France, quelques fois aux deux, rarement à Michel seul. En 1981, tout Paris va applaudir France Gall au Palais des Sports. Alors qu’elle attend son deuxième enfant, Michel prépare un nouvel album et chante “Mademoiselle Chang”.

1982-1987

En février 1982, nouvelle une de Télé Magazine alors que France vient d’être maman de Raphaël. La presse TV très familiale adore naissances et baptêmes. Mais la chanteuse préfère protéger sa vie privée du tintamarre médiatique, notamment pour soigner son image auprès de son jeune public. Aussi, ni les unes de Super Télé ou de Télé Guide en 1982, ni celles du reste de la presse ne montrent une image maternelle de France. “Tout pour la musique” et “Résiste” fin 1981 puis “Amor Tambien” sont plébiscités par les jeunes. En 1982, Michel en est à “Beaurivage” qu’il défend notamment sur la scène de l’Olympia en avril. Un obscur Télé Pro lui propose sa une au mois de mai, alors qu’il a composé la BOF “Tout feu, tout flamme”. Un an plus tard, Michel sort un nouvel album, “Voyou” qui comprend le tube “Le prince des villes”. La maison de disques en profite pour “compiler” toutes les chansons à succès de Michel. Après une année 1983 à quatre, Michel et France sortent du cocon familial pour reprendre du service. Pour cela, France coupe ses cheveux et s’offre un nouveau look en les portant désormais courts et bouclés. En 1984, on apprend qu’elle inaugurera le Zénith à l’automne. C’est l’avalanche de unes pour l’été : Télé Magazine, Télé Poche, Télé 7 Jours. Il faut dire que France a mis les bouchées doubles. Sa carrière est à l’image du nom de ce nouveau haut-lieu de la musique. Ses chansons “Débranche” , “Hong-Kong Star” et “Calypso” seront des méga tubes. Télé 7 Jours Le Mans va jusqu’à lui offrir une couv’ locale. Michel compose la BOF “Rive droite, rive gauche”. En juillet 1985, France triomphe avec “Cézanne peint”. Pour la diffusion de son Zénith sur TF1, Télé Guide et Télé Magazine ainsi que le petit Télé Z miseront une fois de plus sur elle. Avec Michel, elle participe à “Ethiopie”, une des premières actions du “charity (show) business”. En 1986, c’est Téléguide qui propose Michel à la une, ce dernier se produisant à Champs-Elysées avec “Chanter pour ceux”, “Si tu plonges” et “Y’a pas de honte” (1985).

1987-1992

En avril 1987, une de Télé Poche pour la sortie du CD “Babacar”, où l’on trouve “Ella, elle l’a”. La même semaine, Télé Journal Plus Cuisine se raccroche à France et la met en avant. 1987 est vraiment l’année Gall. Le jeune Télé Loisirs lui accorde sa couv’ pour ses 40 ans, suivi de près par Télé 7 Jours qui annonce le Zénith 87. C’est l’époque où Johnny Hallyday demande un album à Michel, le fameux “Rock’n roll attitude” avec dix titres signés Berger. En mai 1988, c’est au tour de Télé 7 Jours la Réunion de mettre France Gall à l’honneur , alors qu’elle chante “Evidemment”. Michel, lui, remonte “Starmania” alors que les Etats-Unis décident de reprendre cet opéra-rock sous le titre de “Tycoon”. Entre 1988 et 1991, France Gall se retire pour des raisons familiales et privées. Jusqu’à déclarer vouloir arrêter de chanter. Michel, lui, en 1990, nous offre deux chansons, “Le paradis blanc” et “Ça ne tient pas debout”. Certains s’accorderont à dire que la première était prémonitoire. En 1991, France et Michel décident de préparer un premier album ensemble. Leur maison de distribution, WEA, place la barre haut, très haut. Les investissements publicitaires en juin 1992 sont colossaux, et les résultats, dans un premier temps, décevants. L’album ne rencontre pas le succès escompté. La roue avait-t-elle tourné ? Nous ne le saurons jamais. L’histoire s’est arrêtée début août. A grand renfort de presse. Les grands hebdos télé n’ont pas résisté à la tentation nécrologique. Et certains en sont déjà aux hommages. L’album, lui, se vend bien …

Magazine : Platine
Par Martine Bordeneuve
, Patrick Robert Galéra et Jean-Pierre Pasqualini
Date : Janvier / Février / Mars 1993
Numéro : 4

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