France Gall : « J’ai gagné, tout le monde pensait que j’allais me ramasser sans Michel »

C’est officiel : face au succès de sa tournée, clôturée hier à Strasbourg, France Gall prévoit une grande tournée estivale dans les festivals en France.

Elle a terminé hier sa triomphale tournée d’hiver. Cet été, elle repartira en scène.

C’est officiel : face au succès de sa tournée, clôturée hier à Strasbourg, France Gall prévoit une grande tournée estivale dans les festivals en France. Nous l’avons rencontrée jeudi dernier à Lyon, dans une Halle Tony-Garnier comble (6 000 spectateurs, briquets allumés, ovations), où elle brillait, incarnant une éclatante victoire en solo. Rencontre.

France-Soir : Quel bilan tirez-vous de cette première expérience sans Michel ?

France Gall : Je suis pleinement heureuse. En tournée, loin du stress parisien, il ne reste que le plaisir. Cette fois-ci, j’ai senti une force d’amour inédite de la part du public. Les gens ont changé envers moi. L’enthousiasme est toujours aussi fort, mais il est accompagné de quelque chose de plus respectueux. Ce spectacle, je l’ai surtout conçu pour tous ceux qui m’ont soutenue cette année, par leurs lettres adorables, les livres qu’ils m’ont envoyés, leurs encouragements à remonter sur scène. Mais je ne m’attendais pas à recevoir autant de reconnaissance.

F.-S. : Dès le début, vous avez opté pour un style plus intimiste et inhabituel. Est-ce une victoire ?

F. G. : Beaucoup pensaient que j’allais me « ramasser » sans Michel. Même mes enfants ont douté, à un moment. Mais je n’avais rien à prouver à personne. La victoire, c’est envers moi-même. C’est la première fois que je me prouve quelque chose seule, avec, en prime, le plaisir d’offrir un spectacle abouti qui me ressemble profondément. J’avais une envie viscérale de proximité avec le public.

D’ailleurs, Bercy, ce n’était pas mon idée. Mais Michel et moi avions passé un pacte à la sortie de Double Jeu. Il m’avait dit : « D’accord pour La Cigale, mais à condition qu’on programme Bercy une fois. » Quand j’ai été prête à affronter cela, il ne restait que Bercy de disponible.

F.-S. : Après cette expérience, comment voyez-vous l’avenir ?

F. G. : Je le vois comme quelque chose de lointain, car je vis presque au jour le jour. Je savoure chaque instant de ce bonheur total.

F.-S. : Envisagez-vous de chanter des chansons qui ne soient pas signées Michel Berger ?

F. G. : Je ne vois pas aujourd’hui quelle rencontre, fortuite ou provoquée (qui sait ?), pourrait me faire évoluer ailleurs dans mon métier. Ce qui compte, c’est de préserver le patrimoine que Michel nous a laissé, aux enfants et à moi. Pauline et Raphaël adorent la musique de leur père. Prochainement, je vais me concentrer sur une version anglaise de Starmania, destinée au monde entier, et sur la reprise de La Légende de Jimmy, qui a été arrêtée trop vite.

F.-S. : Une femme d’affaires !

F. G. : Je n’ai jamais été futile. Je n’ai jamais passé mes vacances à bronzer sur une plage. Que ce soit lors de mes voyages en Afrique ou avec ce spectacle, où j’invite les jeunes des banlieues via Droit de Cité, j’essaie toujours d’allier l’utile à l’agréable. Michel m’appelait « sa petite réaliste optimiste ». Avant, comme beaucoup de femmes gâtées, je ne me posais pas trop de questions. Aujourd’hui, avec les épreuves mais aussi tant de témoignages d’amour, je suis sortie d’un cocon. Et affronter les choses fait tomber les peurs. Je suis portée par la force que Michel m’a laissée.

F.-S. : Et la maman poule dans tout ça ?

F. G. : En tournée, je parlais à mes enfants chaque jour, et ils m’ont rejoint plusieurs fois. Ils m’ont même fait des surprises ! Une fois, j’ai trouvé Raphaël dansant au final avec mes rappeurs ! Mais il sait que je n’aime pas qu’il se mêle trop de tout ça. Il n’a que douze ans. On verra plus tard.

Journal France-Soir
Propos recueillis par Monique Prévot
Date : 6 décembre 1993
Numéro : 15 341

À découvrir

AccueilPresseFrance SoirFrance Gall : « J’ai gagné, tout le monde pensait que j’allais...

Vidéos