Le 18 décembre 1993, France Gall participe avec Phil Collins à l’émission Taratata n°33, dans une séquence marquante de sa fin d’année. Elle y interprète un medley acoustique issu de son spectacle Simple Je – Débranchée à Bercy 93, enchaînant trois titres emblématiques de son répertoire : Si, maman si, Quelques mots d’amour et Il jouait du piano debout.
Ce moment s’inscrit dans une période décisive de sa carrière. Quelques mois plus tôt, au printemps, elle révèle publiquement sa maladie et choisit de reporter ses concerts. En septembre, elle remonte sur scène au Palais omnisports de Paris-Bercy devant 55 000 spectateurs, dans un spectacle qu’elle a conçu seule, de la mise en scène au choix des chansons. Le concert se divise en deux parties : une section électrique captée sur l’album Rebranchée, et une seconde plus intime, acoustique, réunie sous le titre Débranchée.
Dans cette émission, France Gall accorde une interview de 5 minutes à Nagui, en présence de Phil Collins, également invité de l’émission. Elle y évoque son spectacle, sa relation à la scène, mais aussi son rapport aux médias et à la sphère privée. Un échange rare, direct et sincère.
Cette vidéo a été restaurée par France Gall Collection à partir d’un enregistrement d’époque de qualité limitée. Le travail de restauration est un processus long et complexe, qui combine plusieurs étapes techniques. Ce processus n’est jamais parfait : certaines séquences peuvent comporter des artefacts ou des déformations. Mais c’est souvent le seul moyen de faire revivre ces images avec la qualité qu’elles méritent.
Interview intégrale de Nagui à France Gall & Phil Collins / Émission Taratata n°33 – 18 décembre 1993
Nagui : Vous avez reconnu, bien sûr, les chansons Si, maman si, Quelques mots d’amour, et Il jouait du piano debout.
Nagui, à Phil Collins : Vous connaissez certaines de ces chansons ?
Phil Collins réponds en anglais, traduction de Nagui : Voilà, il les a entendues… c’est vrai, dans les répétitions il a reconnu quelques mélodies, et il les aime. Il a pris tout à l’heure le tempo en suivant ce rythme
France Gall : Alors que moi, je pourrais dire par exemple que Phil Collins, je trouve qu’il… il n’est pas français, mais il fait vraiment partie de notre univers. Vous trouvez pas ? Notre univers musical !
Et on l’adore.
Nagui : Ça, c’est clair au quotidien.
Alors… Simple Je. Il y a deux titres en fait ? Il y a Simple Je et il y a Débranchée à Bercy 93 ?
France Gall : Ben oui, il y a deux titres, il y a deux titres sur l’album live. C’est juste… on a écrit… c’est écrit ? Débranchée ! C’est la partie acoustique, hein. Débranchée à Bercy 93.
Nagui : Et alors il y a l’histoire de la robe. Finalement, la robe que tu avais choisie.
France Gall : c’est juste un clin d’œil pour tous ceux qui sont venus me voir et qui vont continuer à venir me voir.
Ce n’est pas fini, ce n’est pas fini.
Nagui : Si, si, si. Là où l’émission passe, c’est fini, c’est fini.
France Gall (riant) : Bien, de toute façon, tout ça sera coupé, bien sûr.
Nagui : Pas du tout ! On aime bien ça ! On aime bien, y’a pas de problème.
Nagui : Alors la question, France, c’est de savoir ce qui va se passer là, maintenant, en 94. On aime France Gall, on a envie, on a envie de savoir ce qui va se passer après cet album live et après cette tournée.
France Gall : Si je pouvais le savoir moi-même…
Écoute, je n’ai pas envie de parler de l’avenir.
D’abord, d’une part, parce que la vie m’a appris que ça ne sert à rien de faire des projets.
D’une, vous n’allez pas tous pleurer.
Et secondo, moi j’ai envie que ce moment où je suis vraiment heureuse — tu sais, c’est un moment très heureux pour moi — j’ai envie qu’il dure.
Alors il va continuer en 94.
Nagui : D’accord ! Encore des tournées, encore des scènes en 94 ?
France Gall : Oui, un peu partout. Je sais pas, je vais voir.
Nagui : D’accord !
Nagui : Justement, Phil Collins. How do you feel when you’re on stage? Is it the best part of your passion?
Do you prefer being in the studio ?
Phil Collins réponds en anglais, traduction de Nagui : Chaque jour mène vers ces 3 h ou 2 h de concert, et c’est l’un des moments où il se sent évidemment le mieux sur scène.
France Gall : Tu sais, on a peu l’occasion de faire notre métier quand on fait ce métier-là.
C’est à peu près 10 % de notre vie, 5 % de notre vie seulement où on chante, alors qu’on est chanteur. Donc forcément, le moment où on chante, c’est le moment qu’on préfère.
Nagui : Mais chaque fois tu veux, tu viens ici, t’hésites pas, tu le connais, tu connais la solution.
France Gall (en riant) : Surtout pour parler, hein ? T’aimes bien !
Nagui : Et même pour chanter, si tu veux que chanter, tu me le dis, il n’y a pas de problème.
Nagui : Question de Valérie et du public pour France Gall.
Valérie : Oui, c’est une question de la part d’Isabelle.
Isabelle : Bonsoir Nagui, bonsoir France.
Nagui : Et Phil, non ?
Isabelle : Ah oui, bien sûr.
Je voulais savoir comment vous avez réagi au niveau médiatique par rapport à tout ce qu’il y avait concernant vos malheurs ?
France Gall : Ben, je crois que je me suis expliqué…
Nagui : La récupération, vous voulez dire ?
Isabelle : C’est-à-dire l’exploitation médiatique.
France Gall : Exploitation de la vie privée, puis des petits soucis qu’on peut avoir, ou même des grands problèmes. Moi je réagis pas très bien, mais je me rends compte que finalement, c’est quelque chose qui vous dépasse très vite, et on ne peut pas lutter contre ça.
À partir du moment où ça se vend, ils en parlent… tout ça.
Nagui : Il faut comprendre qui achète. Il y a une demande du public, c’est ça ?
France Gall : C’est ça, oui. D’un certain public. Et puis il y a une presse aussi.
Ça, c’est très pénible, cette presse, je dois dire. Ce n’est pas de chance. Ce n’était pas comme ça avant.
Maintenant, ça devient de plus en plus comme ça.
On rentre dans la vie… dans la vie, dans la vie privée des gens, puis on les poursuit.
Moi, je sais que je suis poursuivie en permanence par des photographes. Ce n’est pas très très agréable, ils sont cachés derrière les voitures dès que je sors de chez moi, où que j’aille, dans mon jardin à la campagne, enfin partout quoi.
Donc c’est assez pénible quand même.
Nagui : Il faudrait qu’ils respectent un peu plus la vie privée.
France Gall : Ben oui, quoi…
Nagui à Phil Collins : Comment lui, il réagit face aux paparazzis, etc. ?
France Gall : Il a divorcé, voilà ! Sa femme, elle a pas supporté !
Elle a pas supporté, sa femme !
Tu comprends ?
Phil Collins réponds en anglais, traduction de Nagui : Il vit à la campagne, en Angleterre, donc il n’est pas trop embêté par des gens qui viennent sonner à sa porte ou prendre des photos.
Il y a des fans qui viennent, donc… des journalistes.
Il y a rien à dire, il y a rien à dire.
C’est pour ça qu’ils viennent pas.
Et il n’a pas changé. Et il est toujours en vie.
France Gall : Il n’a pas vu le photographe caché sous son lit.
Nagui : Merci encore à France Gall d’être venue dans ce Taratata, mille mercis France !
France Gall : Merci de m’avoir accueillie !
Nagui : Bonne tournée !
France Gall
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