Premier Olympia, mais aussi nouveau départ.
Après son « premier album toute seule », voici son « premier spectacle rien qu’à elle ». Un show mi-funkie mi-rhythm’n’blues qui démarre ce soir tandis que France 2 lui consacre un spécial « Taratata ». Confidences.
Alain Morel : Vous avez l’air en forme ?
France Gall : Oui. Je suis dans une période faste. Tout me réussit dans trois domaines essentiels : mes enfants, ma vie et la musique.
A l’heure de votre premier Olympia, ça tombe plutôt bien …
France Gall : Si je fais l’Olympia maintenant, c’est justement parce que cette passion m’anime. Je voulais être sur scène dès cette rentrée et y refaire en mieux mon dernier album (1).
Pourquoi l’Olympia ?
France Gall : Parce que c’était libre à cette date, parce qu’il paraît que c’est magique et parce que Patricia Coquatrix est une bonne copine !
Vous avez fait appel à des musiciens américains …
France Gall : Oui, le clavier de Stevie Wonder, le bassiste et le batteur de Prince, le guitariste de Sting … Ce qu’ils donnent sur scène, c’est ahurissant. Il y a aussi un Français, Kamil Rustam, qui s’est installé avec une Américaine à Austin, au Texas.
Il paraît que vous avez de nombreux projets de départs lointains. Comment vos enfants vivent-ils cela ?
France Gall : Après la tournée et les vacances de Noël, il est effectivement possible que je parte au Japon, au Brésil et au Canada, afin d’y exporter la musique de Michel (NDLR : Berger). Avec les enfants, nous nous préparons psychologiquement à ces séparations. Nous alternons les absences avec de longues périodes de vie quasi fusionnelle.
La musique de Michel Berger, c’est elle qui vous donne confiance en vous ?
France Gall : Quelques semaines avant sa mort, Michel m’a légué, à travers un testament, toute son œuvre. Je n’aurais jamais pu m’imaginer que cet honneur me reviendrait et, en même temps, c’est une grande tristesse pour moi. La confiance, c’est le face-à-face avec soi-même qui permet de l’acquérir. Quand on se retrouve seul avec tout à assumer et avec un héritage aussi exceptionnel, il faut trouver ses solutions avec sa propre vision des choses. Cette musique, aujourd’hui, je m’y suis tellement investie qu’elle est devenue la mienne.
Le répertoire n’est pas inépuisable, que ferez-vous plus tard?
France Gall : Le trésor est immense. Et puis, j’ai envie d’écouter ceux qui me poussent à écrire moi-même. Je suis suffisamment lucide et sévère sur mon travail pour faire cet essai sans me fourvoyer. L’idée que je puisse m’installer un jour toute seule dans un endroit comme ma maison de Dakar et, pour ne pas m’y ennuyer, m’y mettre à écrire, est un rêve fou.
Il y a quelques mois, à la question : « Êtes-vous amoureuse ? », vous aviez répondu que seul le temps donnerait son verdict …
France Gall : C’est vrai, mais notre histoire n’a qu’un an et je ne suis pas encore en veine de confidences. Un an, c’est un peu court pour énoncer des certitudes. Et quoi qu’il en soit, mon actualité, mon urgence, c’est mon spectacle. C’est pour cela qu’on se voit et qu’on se parle.
Ce spectacle, qu’avez-vous envie d’en dire ?
France Gall : Le moins de choses possible car j’ai envie de voir les gens le découvrir. C’est le premier spectacle rien qu’à moi. Vous n’allez pas me reconnaître (rire). Je veux y privilégier l’émotion et la sensation … Pas la tristesse.
France Gall à l’Olympia, 28, bld des Capucines, Paris / A partir de ce soir et jusqu’au 17 novembre. A 20 h 30. Places de 170 à 260 F / Tél. : 01.47.42.25.49.
(1) France Gall recevra ce soir un disque de platine pour « France » (WEA), son dernier album, qui s’est déjà vendu à plus de 300 000 exemplaires.
Magazine : Le Parisien Haut-de-Seine
Par Alain Morel
Numéro du mardi 5 novembre 1996
Numéro : 16226
Merci à Elisabeth.