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France Gall, elle fait renaître la magie de Starmania

Les 30 ans de Starmania, le 24 avril 2009 sur France 2 – Cette émission est le show de variété le plus attendu de l’année.

Une véritable comédie musicale filmée comme au cinéma et présentée par la plus secrète des artistes.

Dans sa loge, France Gall jubile. Le tournage de cette émission événement est une cure de jouvence. Dans les couloirs du studio, se croisent la nouvelle génération de la chanson et les glorieux anciens qui ont fait le succès de Starmania.

Télé-Loisirs : Dans l’opéra rock imaginé par Michel Berger et Luc Plamondon, Starmania est le nom d’une émission de télé dans laquelle tous les jeunes veulent passer pour devenir célèbres. Une sorte d’ancêtre de la téléréalité ?

France Gall : Jenifer, Amel Bent, Christophe Willem … Effectivement, tous ces jeunes ont voulu faire leur Starmania. Ils se sont faits connaître grâce à la télé. Tant mieux, on commence tous quelque part. Ce qui compte, c’est ce qu’ils font avec leur chance. Pour cette émission anniversaire, j’ai surtout choisi des gens qui ont de la voix, car pour interpréter Starmania, ce n’est pas possible autrement (rires)

Télé-Loisirs : Comme vous, Jenifer a démarré sa carrière très jeune. Quel regard portez-vous sur son travail ?

France Gall : J’espère que les jeunes d’aujourd’hui ont plus de contrôle sur leur carrière dès le début, et je vois que Jenifer prend des risques pour évoluer.

Télé-Loisirs : Vous avez été à l’origine de Starmania, car c’est grâce à vous que Michel Berger a rencontré la parolier Luc Plamondon.

France Gall : Quand j’ai rencontré Michel, on passait des soirées à écouter les disques que l’on aimait l’un et l’autre. Lui me passait les Beatles ou Ray Charles et moi je lui ai fait écouter la Québécoise Diane Dufresne. C’était à l’époque où il se cherchait un auteur. Il a alors retourné le disque de Diane pour voir qui lui avait écrit les textes, et il a découvert le nom de Luc Plamondon.

Télé-Loisirs : Il écrivait les paroles de ses chansons, pourquoi n’a-t-il pas écrit celles de Starmania ?

France Gall : Avant Starmania, il avait écrit une première comédie musicale, qu’il avait baptisée Angelina Dumas. Elle était inspirée des mêmes thèmes. Mais quand il a réécouté tout son travail, il a dit : « Ce n’est pas assez violent. » Il lui fallait trouver un auteur nord-américain parlant français, ce fut Luc Plamondon.

Télé-Loisirs : Et Michel Berger était-il fier de son opéra rock ?

France Gall : Michel voulait créer quelque chose qui resterait. Il était persuadé que des chansons de trois minutes ne survivraient pas. Composer un spectacle musical, c’était pour lui comme réaliser une sorte de chef-d’œuvre, quelque chose qui compterait dans sa carrière. Et on peut dire qu’il a réussi.

Télé-Loisirs : Dans le spectacle, vous incarniez Cristal, la présentatrice du show télé, qui se faisait enlever par des terroristes. Participer à cette aventure était une évidence ?

France Gall : Absolument pas. Je me suis retrouvée sur scène car ils n’avaient trouvé personne pour ce rôle. C’est seulement trois mois avant le spectacle que j’ai compris que l’aventure démarrait aussi pour moi …

Télé-Loisirs : À cette occasion, vous rencontrez Daniel Balavoine, qui deviendra un vrai ami pour vous et Michel Berger.

France Gall : Ils se sont tout de suite entendus, ils étaient pourtant très différents. Daniel était plus jeune, plus grand, il protégeait Michel, tout en l’idolâtrant. Daniel pouvait tout chanter, Michel lui a donc écrit le sublime SOS d’un Terrien en détresse.

Télé-Loisirs : Maurane s’est aussi révélée grâce à cette comédie musicale. Pourtant, cela restera un mauvais souvenir pour elle.

France Gall : Elle est restée presque sept mois sur scène dans le rôle de la serveuse automate. Un rôle minant, qu’elle n’arrivait pas à surmonter quand elle rentrait chez elle. Un soir, elle n’est pas venue. Il a fallu annuler la représentation alors que la salle était pleine. Cette histoire la bouleverse encore.

Télé-Loisirs : Pourquoi ne chantez-vous pas avec les artistes lors de cette émission ?

France Gall : Je n’ai pas fait ce show pour me mettre en avant comme chanteuse, mais pour célébrer l’anniversaire de la création de Starmania.

Télé-Loisirs : À l’occasion de ce trentième anniversaire, pourquoi ne verra-t-on pas Starmania sur scène ?

France Gall : La version de 1993 de Starmania a été jouée pendant presque dix ans. De temps en temps, il faut laisser reposer une œuvre. C’était déjà le cas entre la création en 1979 et la reprise en 1988.

Propos recueillis par Matthias Gurtler

Jenifer « très impressionnée »

Moulée dans un costume noir ultra sexy, Jen chante Travesti. “Sur ce titre, je me suis vraiment éclatée. France Gall a tapé dans le mille en me le proposant”.

Télé-Loisirs : Pourquoi était-ce si important de chanter Travesti ?

Jenifer : Les gens qui me connaissent savent que c’est sur ce type de chanson que je vais m’éclater. Le personnage de Sadia est complexe, ambigu, et le texte reste très provocateur. Je fais partie de la génération suivante, mais je crois que nous sommes toujours très en phase avec les rêves, les envies de l’époque.

Télé-Loisirs : Est-ce que vous étiez impressionnée de chanter devant France Gall ?

Jenifer : Starmania fait partie de ces albums qui m’ont donné envie de me produire sur scène et de chanter. France Gall a non seulement créé le personnage central de la comédie musicale, mais elle a vu naître ce projet sous ses yeux, chez elle. Et je doute qu’elle soit restée passive dans cette aventure. Alors, oui, c’est toujours impressionnant de chanter face à elle. On parle tout de même d’une interprète qui a été parmi les premières à chanter des titres de Gainsbourg et qui a porté les plus beaux titres de son défunt époux. Ça force le respect.

Télé-Loisirs : On vous a vue beaucoup discuter avec France Gall tout au long de l’enregistrement de l’émission. Vous êtes-vous découvert des points communs ?

Jenifer : Je ne la connais pas assez pour répondre, mais son naturel et sa spontanéité m’ont beaucoup touchée. Et puis j’ai vraiment apprécié qu’elle me choisisse pour interpréter Travesti : cela me fait dire qu’elle a su lire entre les lignes …


Amel Bent

Starmania ne fait pas partie de ma génération, mais je cornais tous les grands standards de l’opéra rock. Quand j’ai chanté mon titre face à France Gall, je me pinçais pour y croire. Pourtant je l’avais déjà rencontrée sur une émission l’an dernier. Le trac, c’est comme ça !

Christophe Willem

France Gall me touche beaucoup car elle a à cœur de préserver ce répertoire si riche. C’est avec joie que j’ai chanté Monopolis. Un titre à mi-chemin entre la tristesse et l’espoir d’un monde meilleur. Juste sublime.

Grégoire

C’est la référence en matière de spectacle musical. Quand j’ai chanté Banlieue nord, France Gall m’a félicité. Cette reconnaissance est très importante à mes yeux. Et puis, reprendre un titre de Daniel Balavoine, c’est super.

Propos recueillis par Gaëlle Placek

Magazine : Télé-Loisirs
Par Matthias Gurtler et Gaëlle Placek
Date : 13 avril 2009
Numéro : 1207

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