France Gall rédactrice en chef de Gala

France Gall, la groupie du pianiste, a pris ma place, et c’est avec un immense plaisir que j’ai assisté à la construction de ce numéro exceptionnel.

Cela fait un mois que nous vivons en rythme. La groupie du pianiste a pris ma place, et c’est avec un immense plaisir que j’ai assisté à la construction de ce numéro exceptionnel. Mon bureau de Gennevilliers s’est ainsi transformé en scène du Zénith de Paris.

Mon ordinateur de rédacteur en chef, en micro de France Gall ! Les pages que vous allez découvrir sont ainsi le parfait reflet de ses goûts, de ses envies et de son irrésistible curiosité, à son image : sereines et pleines de vie.

C’est également la moralité d’une formidable interview donnée par France à son amie, la journaliste Béatrice Schönberg. Une leçon de vie, plus qu’une énième interview !

Figure incontournable de la chanson française, France Gall, c’est aussi un destin dont l’écho résonne en chacun d’entre nous. Et pour l’avoir rencontrée plusieurs fois ces dernières années, je savais cette artiste rare, douée pour le bonheur.

Il me semblait alors intéressant de lui donner carte blanche pour bien débuter l’été. Pari tenu ! France s’est investie pleinement dans le projet. Chacune de ses venues à la rédaction fut ponctuée d’éclats de rire, mais aussi de beaucoup d’émotion. Nous nous sommes ainsi replongés dans les souvenirs pour mieux parler d’avenir et rendre le plus beau des hommages à Michel Berger. C’était en plein été… il y a déjà vingt ans !

France Gall. La chanteuse se confie à son amie Béatrice Schönberg, en exclusivité pour Gala, dans un entretien bouleversant de sincérité. Un moment rare.

Pour Gala, France Gall a accepté de se prêter au jeu d’un séance photo. Un exercice qu’elle déteste et qu’elle n’avait plus pratiqué depuis bien longtemps. Elle a choisi “La Colombe d’Or”, lieu qui, pour elle, veut dire beaucoup …

Quelques mots d’amour … édito de France Gall rédactrice en chef invitée de Gala / Gala est un magazine ludique ! Tout fait envie dans Gala : les recettes, les voyages, les produits du moment, la mode ! Une règle : on ne parle pas de sujets qui fâchent, et c’est tant mieux ! Pas de photos violentes, mais des plages et des filles sublimes, avec toutes les nouveautés que le monde esthétique nous propose. De temps en temps, un peu de douceur dans ce monde pas toujours facile est le bienvenu.

Ici, on aime le travail bien fait. Mon équipe de femmes s’est surpassée pour être au plus proche de mes demandes, avec un enthousiasme qui m’a honorée. Bref, je me suis beaucoup amusée et, pour la première fois de ma vie, j’ai même pris du plaisir à poser pour des photos, c’est vous dire ! La raison s’appelle Gilles Bensimon et La Colombe d’Or : le photographe et le lieu.

C’est donc un numéro qui me ressemble. Alors, merci à Matthias Gurtler de m’avoir invitée à partager avec toute la rédaction le travail et la vie d’un magazine de rêve. Ce numéro de Gala… on l’aime déjà !

Interview de France Gall / Propos recueillis par Béatrice Schönberg

Béatrice Schönberg : Même si pendant des années, tu t’es mise en dehors de la lumière, on a l’impression que tu n’es jamais loin. Tu as ce sentiment d’être perçue presque comme une amie pour beaucoup d’entre nous ?

France Gall : Je m’en rends compte quand je sors. Où que j’aille, il y a des gens qui viennent me dire qu’ils m’aiment beaucoup, que je leur manque, qu’ils me souhaitent de bonnes choses. J’ai ce contact-là.

B.S. : Ton parcours de vie, ta façon de rejaillir, tout cela fait que tu es proche du public…

F.G. : François Mitterrand était venu un soir dîner avec sa femme, Danielle, chez Michel et moi. On parlait évidemment de politique, puisque c’était juste avant son second septennat. On lui demandait s’il avait des peurs, des inquiétudes. Il a dit quelque chose de très important : « Il faut que les Français aient une histoire. Il faut que la personne qui se présente ait une histoire. » S’il n’y a pas d’histoire avec le peuple français, ça ne peut pas marcher. Il avait trouvé le mot juste. Bien sûr, il faut une histoire, parce que nous sommes des êtres humains. On a besoin d’avoir des sentiments, de vivre des émotions. Je crois que je finis par avoir une histoire, une histoire avec mon pays.

B.S. : Tu avais une magnifique carrière et aujourd’hui tu as un destin installé dans le cœur des Français.

F.G. : Dans l’esprit des gens, je ne suis pas la même personne depuis la mort de Michel. Au départ, c’étaient les chansons, la manière dont je les chantais, que les gens aimaient. Pour eux, la mort de Michel a été le début des souffrances. Mais bien avant, nous souffrions déjà avec la maladie de notre fille, Pauline, qui prenait toute la place dans nos pensées, dans notre existence.

B.S. : Ce qui est extraordinaire, c’est que tu n’étais pas du tout préparée aux épreuves. Je me souviens qu’un jour, dans les années 1980, tu m’as dit : « Tu te rends compte, j’ai déjà passé tous ces moments de ma vie sans connaître la maladie, la mort d’un proche. » Tu as été très protégée… Puis la vie s’est rattrapée.

F.G. : On fait comme on peut. On est vivant, il faut vivre ce que l’on nous donne à vivre. Les gens me disent souvent : « Ce que vous avez vécu est inhumain. » Bien sûr que non, ce n’est pas inhumain, puisqu’on me le donne à vivre. Alors effectivement, la vie s’est « rattrapée », comme tu dis. À la fin des années 1970, notre vie était parfaite de bonheur et d’accomplissement, et Michel n’arrêtait pas de répéter : « Qu’est-ce qui va nous tomber dessus ? » Moi, je n’ai jamais raisonné comme cela.

B.S. : Tu penses qu’on n’a pas à payer le bonheur ?

F.G. : Ce n’est pas parce qu’on est heureux qu’on va forcément payer. On est sur cette terre pour apprendre et, dans le bonheur, on n’apprend pas. C’est en général à travers nos épreuves, qui ne sont pas que négatives, qu’on est censé évoluer. C’est dans les moments difficiles que l’on va faire plus attention à l’autre, mieux le comprendre.

B.S. : Tu as beaucoup appris ?

F.G. : Forcément, il faut. Quand on est deux et que l’on se retrouve seule à faire les choses, on apprend. Quand je me suis retrouvée toute seule en studio avec des musiciens, il fallait bien que je les dirige. C’est pareil dans la vie, on apprend… Quand on vous enlève vos piliers, cela vous oblige à grandir… vite !

B.S. : Tu as un amour de la vie exceptionnel ?

F.G. : Oui, mais dans le calme. Je ne voyage pratiquement plus, sauf pour aller en Afrique. J’aime la vie du quotidien, j’aime les choses normales.

B.S. : Tu crois que tu es douée pour le bonheur ?

F.G. : Oui, c’est une phrase qui m’a toujours accompagnée. Parce que j’ai appris à avoir confiance dans la vie, elle ne me fait plus peur. J’ai vécu des choses très difficiles à traverser, mais cela vous amène ailleurs et c’est beau aussi.

B.S. : Aujourd’hui, tu dirais que tu as de la chance ?

F.G. : J’ai de la chance parce que je ne suis pas à terre. C’est même une chance folle. J’ai réussi à me sortir du passé, pas de manière radicale : Michel et Pauline feront toujours partie de ma vie. En ce moment, avec les vingt ans de la disparition de Michel, c’est une période un peu particulière, j’ai hâte que ça passe, on va faire les choses au mieux. Mais c’est un moment de vie très intéressant que je traverse. C’est comme si on avait déposé les valises, les poids qu’on traîne toute sa vie. On se sent libre.

B.S. : Tu n’as jamais été aussi libre, aussi apaisée ?

F.G. : Oui, je suis vraiment apaisée. C’est doux, même s’il n’y a plus les grands éclats de rire.

B.S. : Il y a des rires, pourtant…

F.G. : Je n’ai pas le sentiment d’avoir ri de nouveau. Tu vois, là, je rigole, mais ce n’est plus comme avant. À la mort de ma fille, j’ai vraiment pensé que tout allait devenir moins bien, moins beau… Aujourd’hui, je ne pense plus comme cela. Je ne suis pas la seule à avoir vécu les choses ainsi. Victor Hugo, dans les années qui ont suivi la mort de sa fille, a écrit un poème des Contemplations qui m’a aidée. La lecture a été tellement capitale, tout est écrit dans les livres.

B.S. : On a l’impression qu’aujourd’hui tu prends enfin le temps, tu ne fais les choses qu’à ton rythme…

F.G. : J’ai tellement couru ! Quand je suis chez moi, je suis parfaitement heureuse. J’ai hâte de rentrer, j’ai du mal à sortir. Ce qui ne m’empêche pas d’être tout à fait normale, d’être tout à fait à l’aise dehors, de faire ce que j’ai à faire avec ma petite voiture dans Paris. Aujourd’hui, je sais vivre.

B.S. : Ta maison, c’est ton univers ?

F.G. : Parce que c’est doux, je veux que ce soit de la douceur.

B.S. : Dans la décoration de ton appartement parisien, on retrouve tes voyages : il y a l’Afrique, les objets que tu as chinés avec Michel, cela raconte beaucoup de choses de toi.

F.G. : C’est comme cela que devraient être les appartements, à l’image de ce que vous êtes.

B.S. : L’Afrique a été un refuge, c’est autre chose aujourd’hui ?

F.G. : Maintenant, j’y vais trois mois par an minimum, je me retiens pour ne pas y aller plus souvent. Jamais je ne prendrais une minute pour aller sur la plage ou me mettre au soleil, je déteste ça. Là-bas, je ne fais que faire, il y a tout à faire !

B.S. : Pour toi ou pour les autres ?

F.G. : Je fais pour moi en faisant pour les autres. (Rires.) Par exemple, j’ouvre une crêperie, quatre personnes y travaillent, ce qui va faire vivre leurs familles. Je fais du concret, de petites choses. Je vais ouvrir une plage, où je vais pouvoir engager cinq ou six personnes du village et aussi améliorer l’éducation des enfants sur place. Mon bonheur passe par le bonheur des autres, qu’ils soient proches ou éloignés.

B.S. : C’est ta façon de rendre un peu la chance que tu as ?

F.G. : Je ne me sens obligée de rien, mais je ne peux m’empêcher de partager. Ça fait partie de ma vie.

B.S. : Comment vis-tu avec tes souvenirs ?

F.G. : Je pense beaucoup à ceux qui seront là quand je disparaîtrai et donc, je trie. (Rire.) Pour l’instant, c’est un immense désordre parce que je manque de temps. Il faudrait que je sois quinze jours à Paris sans rien faire. J’adore les photos, j’ai des milliers de photos que j’ai prises, que Michel a prises, qu’on continue à faire, des films. Je vais essayer de classer tout cela pour simplifier la tâche des autres.

B.S. : Tu as des collectors ? Des témoignages, des lettres, des chansons, des choses auxquelles tu tiens particulièrement ?

F.G. : J’ai décidé de ne plus jamais m’attacher aux objets. Même si j’aime ceux qui ont une histoire. Je garde les lettres échangées, bien sûr, des objets liés au travail de Michel, ses carnets noirs. Je crois que je garde mes vêtements de toutes les époques, j’ai des malles et des malles de vêtements que je gardais pour mes petites-filles plus tard.

B.S. : Je me souviens que Michel adorait les conversations et refaire le monde des soirées entières. Tu as ce goût-là, ce goût de la nuit aussi ?

F.G. : L’art de la conversation, c’était surtout Michel. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui avait le goût de la conversation comme lui, mais je n’avais pas encore rencontré Gilles Bensimon, le photographe qui m’a photographiée pour ce numéro. (Rire.) Moi, je n’en peux plus de parler, je ne veux plus parler. Je ne supporte plus les gens qui parlent à la télévision. Je trouve qu’on parle trop de choses inintéressantes, c’est un tourbillon de vacarme. C’est terrible !

B.S. : Tu es quelqu’un de la nuit ?

F.G. : J’aime la nuit et dans mon métier, on chante souvent la nuit. Je vois le soleil se lever tous les jours. Je ne souffre pas d’insomnie. Tous les jours, je me dis : « Je me couche plus tôt », mais il n’y a rien à faire. Je rêve de me réveiller à 8 heures du matin, de prendre mon petit déjeuner normalement, d’avoir faim à midi et demi pour le déjeuner, d’avoir fait mille choses, mais je vis en décalé.

B.S. : Tu as fermé ta porte à plus de gens ?

F.G. : Je n’ai pas fermé la porte, je ne l’ai pas ouverte à tout le monde.

B.S. : On t’a vue incarnée dans deux films : celui sur Serge Gainsbourg (Gainsbourg, Vie héroïque, ndlr) et le film sur Claude François (Cloclo, ndlr), qu’est-ce que tu as ressenti ?

F.G. : Il faut juste essayer de vous mettre à ma place. Je suis là, je suis vivante et il y a une fille qui va jouer mon rôle au cinéma, qui va jouer des choses que moi seule ai vécues, qui vont être montrées de manière différente, car il n’y a que moi qui sais. C’est très, très bizarre comme impression.

B.S. : France, ce n’est pas ton prénom. Quelle signification a la France pour toi ?

F.G. : Denis Bourgeois, mon producteur de l’époque, était allé me chercher un sacré prénom ! Isabelle Gall, c’est moins bien que France Gall pour le métier. Ça ne dit pas la même chose. Aujourd’hui, Isabelle Gall n’irait pas du tout avec moi. France, c’est très fort. Je l’adore maintenant. Avant je ne l’aimais pas parce que je ne savais pas si les gens l’appréciaient. Aujourd’hui, je l’aime parce qu’il représente quelque chose. C’est sérieux comme prénom !

B.S. : Tu as choisi de faire des photos pour Gala à La Colombe d’Or, c’est un lieu familier ?

F.G. : C’est là que Michel m’a emmenée la première fois quand on s’est rencontrés, c’était en plein hiver. Son père passait ses vacances là tous les étés, on lui amenait les enfants. Michel aimait énormément l’endroit, son histoire. Madame Titine, la fondatrice, m’a offert des couverts roses pour ma fille et bleus pour mon fils, ils avaient leur table, c’était vraiment la famille, et aujourd’hui c’est François qui dirige cet endroit unique de beauté et d’histoire. J’y reviens régulièrement avec la même émotion à chaque fois.

B.S. : À la fin du journal, il y a une photo de toi avec la reine Elisabeth d’Angleterre…

F.G. : J’avais été invitée lors d’un dîner privé à l’ambassade d’Angleterre à Paris avec les cancérologues de nos deux pays. L’ambassadeur, sir Holmes, m’a expliqué que c’était parce que j’avais montré l’exemple (France Gall a souffert d’un cancer du sein, ndlr), que je m’étais formidablement sortie de cette épreuve et j’avais donné une image positive de la lutte contre cette maladie.

B.S. : Ce cancer du sein, tu l’as vécu de façon positive ? Tu pensais que ce n’était qu’un passage ?

F.G. : Non. C’était un cauchemar quand je l’ai appris, comme pour tout le monde. J’étais allée faire une mammographie, sans qu’on me le demande, pour être prête pour Bercy, que je devais faire deux mois plus tard. Et là, ils ont tout de suite vu qu’il y avait quelque chose d’anormal. En très peu de temps, on passe dans le monde de la maladie, des malades, c’est une autre planète. J’ai eu très peur. Je n’avais rien eu avant. On ne sait pas si on va rester entière, on se dit que les gens vont s’éloigner. Mais la solitude absolue, on la ressent sous les rayons. On est seule dans ce monde de rayons. Tant qu’on n’est pas guérie, c’est un cauchemar.

B.S. : À l’époque, j’ai eu l’impression que ce n’était pas une surprise pour toi.

F.G. : Ce n’était pas une surprise. À l’annonce de la mort de Michel, j’étais à l’extérieur de la maison, j’ai ressenti une douleur dans le ventre, dans le corps, tellement forte, je ne pouvais plus tenir debout. Ce sont les mots qui ont déclenché cette douleur incroyable, je me suis dit qu’elle devait ressortir d’une manière ou d’une autre. Comme le disait Fritz Zorn, l’auteur de l’extraordinaire livre Mars, mon cancer était la concrétisation de mon mal intérieur.

B.S. : Tu as caché ta maladie ?

F.G. : J’ai décidé de le dire après l’opération, avant les rayons.

B.S. : C’est quand même un tournant dans ta vie ?

F.G. : C’est parti aussi vite que c’est venu. Une fois que c’était terminé, je n’y ai plus jamais pensé. En plus, ce n’est pas bon de s’inquiéter.

B.S. : Tu es vigilante quand même ?

F.G. : Je suis surveillée comme le lait sur le feu ! Je fais tout ce qu’il faut.

B.S. : As-tu des projets musicaux ?

F.G. : Voilà la question que je déteste. Mais c’est le bon moment pour me la poser car j’ai quelque chose à répondre. J’ai commencé à préparer il y a quelques mois avec mon équipe un spectacle musical avec les chansons que Michel et moi avons créées.

B.S. : Et c’est prévu pour quand ?

F.G. : J’ai mis du temps à trouver l’idée. Il y a un tel travail d’écriture que ce projet ne verra pas le jour avant 2014. C’est le travail qui me réjouit le plus depuis très, très longtemps parce qu’il s’agit de création.

B.S. : Aujourd’hui, je sens que tu es bien, que tu es heureuse et entourée d’amour.

F.G. : J’ai tendance à penser, puisque je me sens heureuse, que j’ai pris le bon chemin pour en arriver là.

Une admiratrice a côtoyé le couple star pendant trente ans et sort un album de photos inédites. Pudique et touchant.*

Murielle est timide. Pourtant, elle a longtemps suivi avec assiduité France Gall et Michel Berger, collectionnant photos, tickets de concerts, autographes, disques, cassettes… Aujourd’hui, elle raconte en textes et en photos sa relation d’amitié avec France.

Gala : Votre livre se présente sous la forme d’un carnet de bord. Comment vous est venue l’idée de le rédiger ?

Murielle Bisson : Même si j’ai une très bonne mémoire, j’ai ressenti le besoin d’écrire pour me souvenir de tout ce que je pouvais vivre au quotidien auprès de France et Michel.

Gala : Pensiez-vous le voir publié un jour ?

M. B. : Pas du tout. Si on m’avait dit en 1982, date de ma première rencontre avec France, que j’allais sortir un livre sur ma passion pour le couple, je n’y aurais pas cru. Avoir gagné le concours RTL (place pour le concert de France Gall, rencontre dans les loges et dîner au Fouquet’s, ndlr), les suivre, pouvoir les photographier, et que mes idoles apprécient mes photos, c’était déjà un immense cadeau. En y pensant, tout s’est enchaîné naturellement.

Gala : Les médias vous présentent comme une fan « autorisée ». Ce qui signifie ?

M. B. : Je pense que c’est parce que, contrairement aux autres fans, j’étais la seule autorisée à les photographier.

Gala : Comment vous êtes-vous fait accepter ?

M. B. : J’aimerais le savoir… Tout s’est passé naturellement. Je partageais ma passion pour la photo avec Michel, et nous ne parlions que de cela. De musique aussi, forcément, mais il aimait mes photos, comme France, ce qui m’a donné un statut « privilégié » parmi les fans.

Gala : On vous sent intimidée…

M. B. : Oui, j’ai beaucoup de mal à parler d’eux, je suis très vite débordée par l’émotion. Je les aime beaucoup, je les respecte énormément, cet exercice d’interview n’est pas du tout évident pour moi…

Gala : Arrive-t-on à construire sa vie en aimant à ce point deux artistes que l’on suit pas à pas ?

M. B. : Oui, on la vit très bien et pleinement, si ça peut vous rassurer !

Gala : Êtes-vous mariée ? Avez-vous des enfants ?

M. B. : Non, mais je suis amoureuse.

Gala : France dit qu’elle vous a vue évoluer et vous professionnaliser comme photographe.

M. B. : Oui, c’est vrai. J’irais même plus loin, ils m’ont permis de trouver ma vocation. Même si je n’en vis pas, je travaille toujours à la Fnac Val d’Europe, mais au rayon photo… Ce qui me permet de transmettre ma passion.

Gala : Comment définiriez-vous l’amitié qui vous lie à France ?

M. B. : C’est difficile… Si « amie » signifie faire confiance à une personne et pouvoir compter entièrement sur elle, alors oui, France peut me considérer comme telle.

Gala : Et pouvez-vous compter sur elle ?

M. B. : Ça peut sembler idiot, mais oui. Le jour de mes quarante ans, j’étais entourée des gens que j’aime, excepté France. Mais coup de théâtre, elle m’a téléphoné pour me souhaiter un bon anniversaire. Ça m’a beaucoup touchée…

Propos recueillis par Nora Sahli

Sur les pas de France Gall et Michel Berger ; Road book d’une groupie, de Murielle Bisson & Patricia Martoglio, Ed. Descartes & Cie.

Sur le chemin de l’enfance ou du succès, ils l’ont croisé, aimé et ont partagé avec lui des souvenirs, qu’ils gardent comme de précieux trésors. À l’approche des vingt ans de sa disparition, le 2 août, les proches de l’artiste lui rendent hommage.

Alain Souchon

J’ai rencontré Michel à Télé Monte-Carlo, en 1974. Il venait de sortir un album qui s’appelait Cœur brisé et moi, je chantais J’ai dix ans, mais c’était avant que la chanson ait du succès. Il est venu me voir et m’a dit : « J’adore ta chanson, c’est vachement bien. » J’ai trouvé qu’il avait une grâce, une vraie gentillesse, une simplicité de venir me dire ça, alors qu’on ne s’était jamais vus auparavant. Nous avons discuté facilement, amicalement, de la musique, de la vie … J’avais bien aimé cette rencontre rapide mais vraiment sympa. Ensuite, nous nous croisions dans des émissions de télévision. Comme on doit souvent attendre, nous étions comme deux rigolards assis dans un coin. On s’est revus dans l’appartement de France, où il y avait tout le monde, on était tout serrés, écrabouillés. Et puis, voilà. On entend ça à la radio … Comme Balavoine, Coluche, ces morts, ça vous cisaille d’un coup. On est un peu proches, on a le même âge, on fait tous les deux de la chanson … Je suis très sensible à ceux qui font le même métier que moi, j’ai tendance à les aimer beaucoup. J’avais énormément d’admiration pour Michel, il a fait la jonction entre la pop anglaise qu’on aimait tous et la tradition de la chanson française qui traite de sujets plus graves et poétiques. Quand il a écrit l’album Rock’n’roll attitude pour Johnny, toute la gauche bienpensante a commencé à trouver que Johnny Hallyday, c’était quand même Johnny Hallyday! Composer des chansons raffinées et populaires, c’est le plus difficile. Lui, il savait le faire.

Bertrand Delanoë

Michel Berger n’a pas eu le temps de subir l’épreuve du temps. Pour moi, comme pour tant d’autres, il continue d’être aujourd’hui ce qu’il était hier : une voix qui touche sans faire violence, un visage qui respire la bonté et l’intelligence. L’homme, que j’ai eu la chance de rencontrer après 1981, tenait toutes les promesses de l’artiste. J’ai le souvenir de discussions pleines d’espérance et d’exigence après l’élection de François Mitterrand. Il savait écouter, ce qui donnait beaucoup de prix à sa parole, toujours juste et sincère, comme sa musique. La magie de Michel Berger tient pour moi à cette grâce qu’il dégageait et qui rassemblait la diversité de la société française. Il était à la fois engagé et libre, mystérieux et accessible, élégant et simple, intense et respectueux – toujours en mouvement et toujours en équilibre, comme ses paroles et comme ses mélodies. En plein accord avec France Gall, qui a partagé sa vie d’homme et d’artiste, je suis fier de l’hommage que Paris s’apprête à lui rendre en donnant son nom à une allée du parc Monceau, prolongeant sa présence en un endroit qu’il a vu enfant, jeune homme et père, et qu’il aimait, comme Paris, profondément.

Jean Brousse

Michel, c’était mon meilleur ami dans la vie, clairement. En octobre 1957, nous nous sommes assis l’un et l’autre sur un banc d’école, nous avions dix ans, et nous ne nous sommes plus jamais quittés. Nous avons fait des tas de trucs ensemble, y compris ses débuts chez Pathé Marconi. A l’époque, j’écrivais les paroles de ses chansons. Puis, je me suis tourné vers les mathématiques et suis devenu ingénieur, mais on s’appelait deux à trois fois par semaine, quelles que soient nos vies. Il était un artiste d’une sensibilité extraordinaire, bien sûr, mais la musique était aussi son langage pour exprimer sa manière de comprendre l’univers. J’ai toujours senti en lui cette appétence, cette curiosité pour le progrès, les technologies… Il avait une sorte d’intelligence du monde pour saisir ce qui allait le changer. Vingt ans après, l’ami me manque toujours autant. Celui que je pouvais appeler dans les moments de doute en disant « je ne comprends pas ce qu’il se passe, dis-moi ce que tu en penses… »

Nathalie Baye

Notre première rencontre, c’est tout simplement avec Johnny et France. Parce que cette idée de disque (Rock’n’roll attitude, écrit et réalisé par Michel Berger pour Johnny Hallyday, ndlr), j’en suis un peu à l’origine, nous en avions parlé avec Johnny. Un premier rendez-vous a été organisé dans un restaurant, Le Pré Carré, à Paris. Au début, Michel se posait beaucoup de questions, comme s’il était effarouché, un peu inquiet, avec une espèce d’appréhension car les deux hommes étaient très différents. Je partais en tournage à Montréal et Michel a eu l’idée d’enregistrer là-bas. Il y avait un côté vacances, nous étions loin, déconnectés de notre univers habituel. France était également là. Par la suite, je suis allée très souvent en vacances chez eux. L’été où cet affreux accident est arrivé, j’étais venue dîner une semaine avant – j’ai encore cette photo pleine de vie, prise ce soir-là. C’était toujours très familial, avec quelques amis triés sur le volet. Ils n’étaient vraiment pas mondains. L’ambiance était chaleureuse et gaie. Je me souviens d’une anecdote… Ils revenaient tous les deux de Moscou et avaient rapporté une énorme boîte de caviar qu’ils voulaient partager avec leurs amis. Nous étions une dizaine autour de la table. On avait fait chauffer des pommes de terre, des blinis, c’était la fête, on se réjouissait. Quand ils ont ouvert la boîte, il n’y avait que du sel à l’intérieur, il s’était fait rouler. Ça s’est terminé par une omelette improvisée et nous avons beaucoup ri. Plus j’ai connu Michel, plus je l’ai apprécié. Il était certes très réservé, mais très curieux, aimant rire, très attentif aux gens qu’il aimait. Il travaillait énormément, il était habité par la musique, un peu la tête dans les nuages. Nous parlions beaucoup de littérature car il était comme moi un grand lecteur, on se conseillait des livres. Il y avait une vraie tendresse entre nous, quelque chose de pudique et de très solide. Ce sont des disparitions, des manques qui sont insoutenables.

Laurent Fabius

Dans Michel Berger, il y avait tout : la poésie, l’humour, l’amour, l’humanité, le talent. Son répertoire a toujours été à l’écoute des bruissements du monde. Il privilégiait le verbe, qu’il a chanté toute sa vie avec cette voix prenante, au vibrato discret. En pensant à lui, je pense à ses interprètes, Françoise Hardy, Johnny Hallyday, pour lesquels il a composé et écrit des mélodies limpides, des textes ciselés. Je pense naturellement surtout à France Gall, avec laquelle il a écrit un chapitre de l’histoire musicale française qui est toujours ouvert. Michel et France, je les revois tous deux, à Matignon, pleins de tendresse et de fougue. Les boucles brunes de Michel, l’ovale blond de France, et leurs sourires : c’était leur jeunesse, ma jeunesse et celle de beaucoup d’autres, mais aussi celle d’aujourd’hui, car le talent défie le temps.

Jacques Attali

Nous nous sommes rencontrés lors d’une émission de télévision et nous avons été amis très vite. En 1989, je lui ai fait une demande folle : présenter un extrait de Starmania dans la grande salle des fêtes de l’Elysée. Le président de la République recevait ce soir-là le prince de Galles et son épouse, Lady Diana. Michel, comme toujours, était très soucieux, très exigeant et angoissé, mais il a été très heureux de ce moment-là.

Tout Michel Berger / Pour la première fois est rééditée l’intégrale des albums studio du chanteur (ainsi qu’un concert au Zénith, en 1986), dans un coffret qui contient la reproduction exacte des pochettes des 33 tours de l’époque. 11 CD pour se replonger dans une œuvre qui mêle tubes et pépites à (re)découvrir.

Ses chansons reconnaissables entre mille ont bercé pour certains l’enfance, l’adolescence, ou pour d’autres, toute la vie ! Et pénétrer dans l’intimité de France Gall – que l’on a l’impression de connaître depuis toujours – a tout d’un coup quelque chose de presque déroutant, voire d’impressionnant. Et pourtant. C’est avec une simplicité désarmante qu’elle nous reçoit chez elle, à Paris, et nous ouvre grand les portes de sa salle de bains. Parfums, soins, coiffure, maquillage, elle nous dit tout !

Gala : Le blond, c’est votre couleur de votre vie ?

France Gall : Oui ! Je ne m’aime que comme ça. Petite, j’ai toujours rêvé d’être blonde aux yeux bleus alors que je suis châtain naturellement. Quand j’ai commencé ma carrière, j’ai tout de suite eu envie de changer de couleur et, pendant plusieurs mois, je l’ai éclaircie petit à petit jusqu’à devenir presque platine. J’ai aussi essayé de porter des lentilles bleues, mais en fait, je préfère mes yeux marron, je trouve que mon regard a plus de force au naturel. Aujourd’hui, c’est Christophe Robin qui s’occupe de ma coloration. Je l’ai connu par mon amie Nathalie Baye. C’est un véritable artiste. Il a sauvé mes cheveux qui, dans les années quatre-vingt-dix, avaient été complètement brûlés par les décolorations successives. Il me présente toutes ses amies actrices, on fait connaissance, on discute. Je suis évidemment fan de ses shampooings, notamment celui à la rose.

Gala : Votre coupe semble indissociable de votre look.

France Gall : Et pourtant, elle a évolué au fil des années. Il y a toute une histoire autour d’elle. C’est Jacques Dessange qui a fait ma première coupe quand j’étais brune. À mes débuts, dans son salon, j’avais rencontré un coiffeur, José Eber, que j’ai retrouvé plus tard quand je suis partie vivre à Los Angeles en 1995. Il était devenu le plus grand hair artist des États-Unis. Il avait même régulièrement une émission à la télé où il donnait des conseils aux Américaines. C’est d’ailleurs lui qui a inventé les extensions de cheveux qu’il a appelées Secret Hair. Il aura coiffé Elizabeth Taylor jusqu’à son dernier souffle. Et c’est lui qui m’a fait à ce moment-là ma coupe courte aux épaules, qui encore aujourd’hui, est la base de mon style. Quelques années plus tard, j’ai rencontré Fred Kebbabi, un ex-formateur de chez Dessange. C’est non seulement un très bon styliste, mais en plus il sait faire des brushings qui durent. Ma coupe est très complexe, réalisée au millimètre près. Elle est courte et longue à la fois. Fred est tellement doué. C’est à chaque fois très beau de le voir travailler.

Gala : Êtes-vous la femme d’un seul parfum ?

France Gall : Définitivement non ! Je suis très sensible aux odeurs, surtout celles de l’enfance qui reviennent toujours à un moment ou à un autre… J’adore celle du jasmin, elle me rappelle les vacances que je passais, petite, à Vallauris, le village des potiers au milieu des champs de jasmin, où Picasso venait peindre tous les après-midi une jolie femme à la queue-de-cheval très haute. J’avais six ans… J’adore aussi celle du savon à l’œillet de Roger & Gallet qu’utilisait ma grand-mère, c’est un peu ma madeleine de Proust. Dans les années soixante, j’étais dingue de Aqua Di Colonia Fresca. C’est aussi à cette époque que j’ai découvert tous les parfums de Guerlain qui restent à ce jour le top pour moi, même si je n’en mets plus. Dans les années soixante-dix, arrive Jungle Gardenia de Tuvache que Sylvie Vartan portait. Hum ! C’est l’odeur de la Californie que je découvrais avec Michel. Et petit à petit, je me suis tournée vers des parfums masculins, parce que finalement je n’aime pas les senteurs trop fifilles. J’ai commencé par l’Eau du Navigateur de l’Artisan Parfumeur achetée à Saint-Barthélemy dans les années quatre-vingt. Ensuite, tous les « Messieurs » y sont passés, Chanel, Guerlain, Saint Laurent, Armani, Dolce & Gabbana. En fait, chez moi, j’ai tout un tas de parfums que je choisis en fonction de la tenue, du temps, de l’humeur. Mais il m’arrive aussi de porter N° 5 de Chanel. Quand je suis en Afrique, c’est différent. Là-bas, un flacon coûte un mois de salaire alors on parfume les maisons avec du tchourai, une pâte de fleurs et d’essences de fleurs que l’on fait brûler dans toutes les pièces. C’est désinfectant, asséchant et délicieusement parfumé. J’en ai même ici à Paris, car je ne peux pas m’en passer.

Gala : Le make-up, est-ce pour vous un plaisir ou une obligation ?

France Gall : Un peu les deux. J’ai toujours aimé ça, tout en me maquillant peu dans la vie. Quand j’ai un cadeau à faire à une amie, je vais à la boutique Shu Uemura et je lui compose une trousse complète : crayon, rouge à lèvres, fond de teint, pinceau, ombres à paupières, et je lui offre en la maquillant, car j’adore maquiller les autres. C’est original non, comme cadeau ! J’apprécie cet homme, Shu Uemura, qui a passé sa vie à embellir les femmes avec ses matières tellement novatrices, ses textures uniques, ses parfums et ses couleurs. Pour le make-up, je faisais appel à la douce Clémentine Jaraud qui maquillait également Michel [Berger] sur les plateaux télé. Il y a quelques années, j’ai rencontré Carole Lasnier. C’est d’ailleurs elle qui s’est chargée de mon visage pour les photos de ce numéro de Gala. Je ne voulais pas lui mettre la pression, mais elle s’est surpassée. Au quotidien, j’ai arrêté depuis longtemps de me dessiner une mouche sur le visage comme je le faisais quand j’étais plus jeune. J’essaie plutôt de simplifier au maximum les choses. Je ne mets jamais de fond de teint, mais j’utilise un produit magique de Shu Uemura, Instant Glow, une base qui illumine le visage de façon incroyable. Ce que je recherche avant tout dans le maquillage, c’est la lumière. Et si je ne devais faire qu’une chose avant de sortir, ce serait colorer mes lèvres. Je les dessine au crayon après avoir appliqué une crème qui les repulpe, puis je pose mon rouge à lèvres avec un pinceau et c’est parfait. Je fais aussi régulièrement des extensions de cils avec Elodie de chez My Cils. C’est une technique géniale et très agréable comme sensation. La pose dure deux heures et après, plus besoin de mettre de mascara, on est toujours impeccable. C’est pareil pour le liner, j’ai décidé il y a quelques années de me faire tatouer un léger trait noir et ça arrange tout le monde, surtout ma maquilleuse. Je vais régulièrement à l’Espace Victor Hugo, un endroit génial que je vous recommande.

Gala : Vous parlez du temps qui passe sans détour. Vieillir ne vous fait pas peur ?

France Gall : Comme l’affirmait Cicéron : « Seuls les sots se lamentent de vieillir. » C’est ce que je me dis lorsque le besoin s’en fait sentir. Je n’ai pas envie de laisser faire la nature, mais on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi, surtout si on a un visage connu, ce qui est mon cas. Je ne suis pas contre la chirurgie esthétique faite dans les règles car c’est la méthode la plus efficace pour être tranquille pendant dix ans et ne pas avoir à pratiquer des injections de toutes sortes. Elle rend les femmes et les hommes tellement heureux d’être rajeunis. Mais il faut du courage pour le faire car toute intervention comporte des risques. Je fais aussi très attention aux mains car elles sont hyperexposées. C’est fou ce que les ongles reflètent le caractère d’une personne ! Moi, je porte tout le temps du vernis, quoi qu’il arrive, une bonne solution pour avoir des mains impeccables et c’est Christine qui s’en charge. Elle vient chez moi depuis vingt ans. Je choisis les couleurs en fonction des saisons, des sorties, etc. Quand je vivais à Los Angeles, j’adorais me faire les ongles d’une main blancs, et mettre du vernis noir sur l’autre. Aujourd’hui, il m’arrive de faire la même chose avec de l’orange vif et du rose fuchsia, mais en règle générale, j’aime les roses poudrés, opalins, ou les teintes très foncées, comme le Rouge Noir de Chanel, ou les bleus et vert bouteille de Shu Uemura… Aujourd’hui, mes ongles sont turquoise ! Ce sera ma couleur de l’été !

Gala : Quel est votre dernier coup de cœur cosméto ?

France Gall : J’ai découvert récemment la marque SkinCeuticals. C’est un endermologue, Alain Bibard, qui me l’a fait connaître. Il officie à Saint-Tropez à l’Hôtel Byblos où il propose des programmes très astucieux pour les habitués et les clients de l’extérieur dont je fais partie. C’est un passionné d’esthétique et un vrai méridional. Je le connais depuis vingt-cinq ans. Cette marque, c’est exactement ce que je recherchais, des textures fluides non grasses, une gamme courte, simple. J’utilise depuis deux mois la Crème Ultra Facial Defense SPF 50 et le Sérum Phloretin Cf aux vertus antioxydantes et je vois déjà des résultats ! Et j’ai oublié de vous parler du Bain Douche Musk de Kiehl’s, que j’emmène partout en voyage. J’aime retrouver son odeur quand je suis loin de chez moi…

Gala : Et votre meilleure recette détox ?

France Gall : Quand j’en ressens le besoin, je vais faire une cure à l’Espace Henri Chenot en Italie. J’aime ce lieu et on en ressort vraiment régénéré. Sinon, je crois aux principes de la chrono-nutrition, une façon intelligente de s’alimenter…

Gala : Quel rapport entretenez-vous avec le soleil ?

France Gall : J’adore être tannée, bien bronzée, mais je ne tiens pas plus de 10 minutes sur un transat, parce que la chaleur et la luminosité m’agressent rapidement. En Afrique, j’ai toujours un chapeau pour me protéger et je suis sans cesse à la recherche de l’ombre. C’est à l’image de ma vie, je n’aime pas les agressions et ce que je cherche avant tout, c’est le calme.

Propos recueillis par Béatrice Thivend-Grignon.

La célébrité ne vous apporte rien. Au contraire, elle vous prive de liberté, affirme France Gall. Voyager hors des sentiers battus est peut-être une façon de la retrouver. C’est sur les conseils de la journaliste Anne-Marie Périer que France a découvert le Grand Canyon et la région du lac Powell.

« Je rêvais de faire un grand voyage avec mon fils Raphaël, qui devait passer quelque temps aux États-Unis, et ma seule exigence c’était la nécessité de la présence de l’eau… Nous avons atterri à Las Vegas et dormi au Bellagio. Ici, en plein été, c’est la fournaise, la température frisait les 45 °C. Je n’avais qu’une envie : retrouver les grands espaces, la nature et la fraîcheur du lac. Nous avons loué une voiture.

C’était l’époque de la sortie de l’album Hors-saison de Francis Cabrel, que nous écoutions à fond en traversant des paysages insensés. J’avais l’impression d’être sur une autre planète. Au lac Powell, l’hôtel où nous devions loger était isolé au milieu des pins. Une oasis après le désert et la chaleur étouffante de Las Vegas. Mais, situation comique, nous avions réservé de l’autre côté du parc et là, nous étions à l’opposé, à douze heures de route de l’autre hôtel ! Heureusement, il leur restait deux chambres. »

« Au réveil, ç’a été le choc, car nous étions arrivés de nuit. On apercevait le Grand Canyon à l’horizon, qui se dessinait derrière un rideau de branchages. Ce paysage minéral de vallées encaissées et de gorges étroites est époustouflant. Il a été creusé par le fleuve Colorado, et le parc national qui l’entoure est classé au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1979. En observant les différentes strates géologiques, on peut lire l’histoire du monde. »

« Pour arriver au lac Powell, les routes sont très belles. Ce plan d’eau artificiel de 300 kilomètres de long a été créé après la construction du barrage de Glen Canyon, au début des années soixante. C’est un peu comme si, en France, on avait inondé une partie des Alpes et immergé des vallées entières. Hallucinant ! Tout est conçu pour permettre aux visiteurs de découvrir le lac. On peut louer de petites embarcations à la journée ou un house-boat très confortable et naviguer pendant plusieurs jours. Les amarres larguées, j’ai eu la sensation d’être seule au monde. Nous ne croisions personne. De temps en temps, on accostait pour explorer les rives, ou bien nous piquions une tête dans des eaux transparentes. Le lac est parfois très profond, jusqu’à 150 mètres. Nous étions avec un ami qui ne voulait pas se baigner, il éprouvait une sensation de vertige. Après quelques jours merveilleux, nous sommes rentrés en traversant le Zion, un autre parc national. Je me souviens des petites routes en lacets qui serpentaient dans la montagne. La diversité des paysages était extraordinaire, j’ai fait des milliers de photos. »

« Pendant ce voyage, j’ai aussi acheté beaucoup d’artisanat amérindien. Des pierres polies, turquoises, améthystes, des boîtes et des ceintures. Egalement un petit mobile qui fait un joli son avec le vent et aussi des couvertures. À Paris, il y en a une grande sur mon lit et une petite pour Addis, mon chat, un abyssin américain… »

Pendant des années, les États-Unis ont été ma destination favorite. Aujourd’hui, je voyage beaucoup moins. Je vis entre le Sénégal et la France, mais je rêve de remonter le Nil. Encore un voyage au fil de l’eau en perspective… et l’occasion de ressortir le petit coussin fait de ses blanches mains dont France ne se sépare jamais quand elle voyage !

Une rencontre inoubliable pour France Gall

Elle se souvient d’une petite silhouette drapée de bleu à l’extrémité d’un interminable tapis rouge, d’un contact franc et chaleureux. D’une présence impressionnante. « J’ai serré sa main entre les miennes, raconte-t-elle. J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour elle, le geste m’est venu spontanément. » En ce mois d’avril, la souveraine la plus célèbre du monde est à Paris pour commémorer le centenaire de l’Entente cordiale entre la France et la Grande-Bretagne.

France Gall, qui n’avait pas caché son mal, a été conviée à une réception à l’ambassade du Royaume-Uni, où sont réunis les médecins et les chercheurs impliqués dans la lutte contre le cancer. « Elisabeth II m’a demandé ce que je faisais, je lui ai répondu que j’étais chanteuse. “A singer!”, s’est-elle exclamée en souriant. Nous avons ensuite échangé quelques mots. Mais il m’est impossible de me remémorer ce que je lui ai dit ce soir-là. J’étais beaucoup trop intimidée, je crois… » Coraline Lussac

Magazine Gala
Date : du 11 au 18 juillet 2012
Photo : Gilles Bensimon
Stylisme : Florence Beaufre
Réalisation visuelle : Nathalie Baumgartner
Mise en beauté : YSL par Carole Lasnier
Tenue : chemise Limifeu, gilet Marithé + François Girbaud, veste Diega, collier perso
Numéro : 996

À découvrir

Vidéos