Pleyel
À l’automne 1994, France Gall donne une série de concerts inédits dans un lieu mythique : la salle Pleyel, tout juste rouverte à la musique populaire après deux décennies dédiées au classique. Du 27 septembre au 1er octobre, elle investit cette scène avec un nouveau souffle artistique. Live à Pleyel témoigne de cette période charnière. France Gall y interprète des titres emblématiques de son répertoire comme Résiste, Musique ou Débranche !, mais aussi cinq chansons de Michel Berger qu’elle n’avait encore jamais chantées sur scène. Elle s’entoure d’une équipe entièrement renouvelée, portée par une énergie plus urbaine, influencée par le new jack, le hip-hop et une nouvelle génération de danseurs et choristes, les Gosbos. Ce spectacle marque un virage dans sa carrière : elle prend le contrôle de la scène, assume ses choix, explore une autre esthétique, tout en rendant hommage à l’œuvre de Michel Berger. Plus qu’un simple concert, Live à Pleyel est un manifeste personnel, entre introspection et renouveau, entre fidélité et émancipation.
6e album live
25 octobre 2004
* Ce concert n'existe pas en version filmée et est disponible sur le Coffret "évidemment : Les années Warner de France Gall", Disque 11 et sur CD unique paru en décembre 2005.
En septembre 1994, France Gall investit pour la première fois la scène de la salle Pleyel à Paris, tout juste rouverte à la musique populaire après une longue parenthèse consacrée au classique. Ce choix n’est pas anodin. Dans cet écrin prestigieux, elle donne cinq représentations, du 27 septembre au 1er octobre, qui marquent une étape forte dans sa carrière.
Depuis plusieurs mois, elle sillonne les routes avec un spectacle rodé en Belgique, en France et en Suisse. Ce n’est pas une rentrée parisienne, mais une continuité. Elle explique sur France 2, la veille de la première : « Je voulais chanter sur scène, voilà. » Cette simplicité masque pourtant un véritable changement de cap.
À Pleyel, France Gall réinvente son lien avec le public. Elle ouvre le concert avec On n’est pas seuls, apparaissant peu à peu dans la lumière, enveloppée d’un grand châle bleu. Elle enchaîne avec des classiques comme Résiste, Cézanne peint, Musique ou Si, maman, si, mais introduit aussi cinq titres issus du répertoire de Michel Berger qu’elle n’avait jamais interprétés : Les Princes des villes, Message personnel, Les Uns contre les autres, La Bonne Musique, et On n’est pas seuls. Chacune de ces chansons trouve une mise en scène particulière. Les Uns contre les autres est chantée au cœur du public, La Bonne Musique conclut le spectacle, France Gall quittant la scène au ralenti, emportée par les Gosbos sous des éclairs de lumière.
Ce changement est aussi humain. L’équipe musicale historique de France Gall n’est plus là. La chanteuse souhaite faire évoluer l’univers de Michel Berger vers d’autres influences, plus urbaines. Les rythmes du new jack, mêlant hip-hop et R&B, insufflent une énergie nouvelle au concert. Cette orientation ne fait pas l’unanimité et nécessite un renouveau complet de son entourage artistique. « C’étaient des gens très proches, et il fallait que ce soit eux qui partent pour que je puisse évoluer vers autre chose. Mais j’ai beaucoup pleuré », confie-t-elle. Elle s’entoure de jeunes danseurs et choristes, les Gosbos, qui apportent un humour, une gestuelle et une liberté de ton différents. « J’étais bien parmi eux », dit-elle simplement.
Micro casque vissé sur la tête, France Gall conçoit un spectacle dynamique, chorégraphié, en lien direct avec cette nouvelle génération. Elle y prend plaisir, le dit, l’assume : « C’est la première fois que j’ai pensé d’abord à moi avant de penser au public. » Ce n’est pas de l’égoïsme, mais un besoin de sincérité. Elle rend hommage au public en reprenant des chansons qu’elle n’avait jamais chantées mais qu’eux aiment. L’échange est là, intact, renouvelé.
Pleyel n’est pas seulement un concert. C’est l’illustration d’un moment de bascule : un regard vers l’avenir, une manière de redéfinir sa place, d’inventer un nouveau langage scénique. En quittant la scène sur La Bonne Musique, France Gall ne tourne pas une page. Elle en ouvre une autre.