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J’entends cette musique | 45 tours | Japon

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Sorti en mars 1964 au Japon, ce 45 tours de J’entends cette musique édité par Philips sous la référence FL-1114 marque une étape importante dans la carrière internationale de France Gall : il s’agit de son tout premier disque publié au Japon. Ce pressage est aujourd’hui extrêmement rare, avec seulement deux exemplaires recensés dans les collections privées connues à ce jour (dont France Gall Collection).

Cette édition reprend deux chansons extraites de son premier EP français, paru quelques mois plus tôt : J’entends cette musique et Ça va je t’aime (Hip-Huggers). La pochette, illustrée par une photo de 1963 de Stan Wiezniak, présente un portrait doux et coloré de la chanteuse, intégré dans un cadre floral typique des productions locales.

Le parcours qui mène à ce disque débute à l’été 1963, au Théâtre des Champs-Élysées. C’est là que France Gall, encore sous son nom civil Isabelle Gall, est auditionnée par Denis Bourgeois, accompagné de Brigitte Bertholier. Parmi les titres interprétés ce jour-là figure J’entends cette musique, qui sera conservée pour ce premier 45 tours japonais. La chanson est signée Robert Gall pour les paroles et Jacques Datin pour la musique. Elle s’appuie sur une base mélodique librement inspirée de l’Adagio d’Albinoni, en réalité une œuvre néobaroque composée en 1958 par Remo Giazotto. Le texte met en scène une rêverie douce, où la musique devient le refuge des pensées d’une adolescente. L’arrangement signé Alain Goraguer conserve une certaine retenue, laissant de l’espace à la voix de France Gall, alors âgée de seulement 16 ans.

La face B du disque, Ça va je t’aime (Hip-Huggers), est une adaptation d’un morceau américain intitulé Hip-Huggers, popularisé par The Crew-Cuts. André Salvet et Claude Carrère transforment ce titre en un hully-gully énergique, entre cowgirl et yéyé. Les chœurs, les cuivres et le rythme enlevé donnent à la chanson un ton immédiat, fait pour les radios et les pistes de danse. France Gall y montre une assurance vocale surprenante pour son âge. Ce titre a également été repris quelques mois plus tard au Québec par Michèle Richard.

Ces deux morceaux illustrent bien le style des premiers disques de France Gall, construit autour d’un équilibre entre adaptations anglo-saxonnes et compositions originales, dans une esthétique yéyé accessible et efficace. Ce format 45 tours simple (deux titres) n’a pas été publié en France sous cette forme : il est exclusivement réservé au marché japonais, ce qui en fait un objet particulièrement recherché par les collectionneurs.

Ce disque intervient dans un contexte où Philips tente d’installer de nouveaux artistes à l’international, en capitalisant sur l’image jeune, dynamique et moderne de figures comme France Gall ou Sheila. À cette période, les artistes français bénéficient d’un intérêt croissant au Japon, porté par la diffusion de chansons à la radio et dans certaines émissions culturelles. Les pochettes sont retravaillées pour le marché local, avec une esthétique graphique souvent plus colorée et adaptée aux codes visuels japonais.

Titres de France Gall | 1. J’entends cette musique (sur un thème d’Albinoni) 2:33 – (Jacques Datin, Robert Gall) | 2. Ça va, je t’aime (Hip-Huggers) 2:13 – (E. Lewis, R. Moseley, adaptation A. Salvet & C. Carrère)

Mentions légales | Mars 1964 | Japon | 45 tours | 1 disque | 2 titres | Label : Philips | Référence : FL-1114 | Gravure : Victor Company Yokohama | Numéros de matrice : PFM-2073 / PFM-2074 | Fabrication : Of Japan Ltd. | Photo recto : Stan Wiezniak | Orchestration : Alain Goraguer et son orchestre | Production : Denis Bourgeois | Éditions : Bagatelle | ℗ 1964 Philips Records Japan | Premier 45 tours de France Gall édité au Japon | 2 exemplaires connus à ce jour Distribué par Nippon Victor Co., Ltd.
Prix de vente : ¥330


Premier 45 tours japonais de France Gall sorti en mars 1964 chez Philips, avec deux titres extraits de son tout premier EP

★ Le thème du « Procès »

Le film français (distribué par Towa) Le Procès est une adaptation cinématographique du roman éponyme de l’écrivain allemand Franz Kafka. Le scénario, les dialogues et la réalisation ont été assurés par Orson Welles, qui y joue également l’un des rôles principaux. À ses côtés figurent Anthony Perkins, Jeanne Moreau, Elsa Martinelli et Romy Schneider — un casting prestigieux réunissant des stars américaines, françaises et allemandes. La photographie est signée par le talentueux Edmond Richard.

La musique du film a particulièrement retenu l’attention des amateurs. Composée par Jean Ledrut, elle réunit deux univers : celui du grand orchestre classique des Concerts Lamoureux et celui du trio de Martial Solal, pianiste majeur du jazz français.

Outre des compositions originales de Jean Ledrut, la pièce maîtresse de la bande sonore est l’Adagio du compositeur italien Tomaso Albinoni. Né en 1671 et mort en 1750, Albinoni appartenait à l’école vénitienne, comme Vivaldi. Célèbre violoniste et compositeur, il est aujourd’hui moins joué que ce dernier, mais son Adagio reste très populaire, particulièrement en Europe.

Ces dernières années, le cinéma français a souvent eu recours à la musique classique pour renforcer son impact émotionnel. Cependant, il est rare qu’une œuvre aussi ancienne soit utilisée comme thème principal d’un film. L’idée d’en proposer deux versions contrastées — l’une dans le style classique d’origine et l’autre en variation jazz — est particulièrement intéressante et s’accorde admirablement avec l’atmosphère singulière du film.

★ La nouvelle étoile : France Gall

Ce disque met en paroles le thème du film Le Procès, inspiré de la mélodie de l’Adagio d’Albinoni. La chanson est interprétée par la jeune vedette française France Gall, âgée de 16 ans.

Belle adolescente aux cheveux blonds lisses, elle possède une voix douce, légèrement rauque, où se mêlent la fraîcheur de l’enfance et la maturité naissante. Passionnée de jazz, elle aime aussi les slow et le twist. Parmi ses chanteurs préférés figurent Charles Aznavour et Claude Nougaro.

France chantait depuis longtemps pour son plaisir, accompagnée au piano ou à la guitare. Avant de sortir son premier disque, elle s’est formée sérieusement pendant un an. Pour Le thème du Procès, elle a également participé à l’écriture des paroles, aux côtés des auteurs Robert Gall et Jacques Datin.

★ Il est interdit par la loi d’enregistrer ce disque sur bande ou tout autre support sans autorisation ★

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