
Diffusé le 22 mai 1976 sur TF1, Émilie ou la Petite Sirène 76 est un conte musical mis en scène dans le cadre de la célèbre collection Numéro 1, produite par Maritie et Gilbert Carpentier.
Réalisée par Marion Sarraut, cette émission d’une heure mêle musique, comédie et romance. Michel Berger en signe le scénario, la musique et la direction artistique, poursuivant ainsi son exploration du genre de la comédie musicale télévisée, entre Angelina Dumas (abandonnée en 1974) et la création de Starmania en 1978.
Le scénario, coécrit avec Frank Lipsik, s’inspire librement du conte La Petite Sirène de Hans Christian Andersen. Ici, la sirène devient Émilie, interprétée par France Gall, une jeune femme rêveuse passionnée par la musique. Émilie vit dans l’ombre des projecteurs, fille d’un éclairagiste de télévision, et rêve de percer dans ce monde de lumière et de sons. Le récit est raconté avec légèreté par Marie-France Pisier, qui prête sa voix à une narratrice un peu fantasque. Encouragée par sa marraine Cécile (Nicole Croisille) et soutenue par ses sœurs (Vannick Le Poulain et Rima Vetter), Émilie décide de franchir le pas. Après une rencontre bouleversante avec Sébastien, un cadreur (Patrick Bouchitey), elle poursuit sa route vers la scène malgré une déception amoureuse.
France Gall en héroïne sensible
France Gall incarne une Émilie touchante, partagée entre l’appel de la musique et une quête d’amour contrariée. Elle donne la réplique à un casting prestigieux : Eddy Mitchell (le professeur de rock), Christophe (le père), Françoise Hardy (la star), Michel Berger et Martine Kelly (les producteurs), sans oublier Rod Stewart, présent dans une séquence en playback.
La musique occupe une place centrale dans cette production. Michel Berger compose treize chansons originales et trois instrumentaux. Le titre Sailing, interprété par Rod Stewart, vient compléter la bande-son, avec une permission exceptionnelle. Parmi les titres phares, on retrouve Ça balance pas mal à Paris (interprété par France Gall et Michel Berger), Suis ta musique où elle va (extrait de l’album Mon piano danse) et Le Monologue d’Émilie, publié en 1976 sur la face B du 45t de Ça balance pas mal à Paris.
Certains morceaux ont connu une postérité discographique. Ça balance pas mal à Paris a notamment été réédité sur de nombreuses compilations. La Leçon de rock’n roll, chantée par Eddy Mitchell, a été reprise en version écourtée dans sa compilation Eddy Mitchell Sessions.
Malgré une chorégraphie et une mise en scène plutôt sobres, Émilie ou la Petite Sirène 76 bénéficie de la richesse technique des productions signées Maritie et Gilbert Carpentier. Tournée aux studios de la SFP, l’émission fait appel à une équipe expérimentée : costumes de Michel Fresnay, décors de François Comtet, chorégraphies de Barry Collins, ou encore effets spéciaux de Michel Faure. La réalisation de Marion Sarraut offre une lecture fluide et visuellement soignée de cette fable moderne.
Avec ses 56 minutes, ce programme reste une curiosité télévisuelle, au croisement du conte, de la variété et du théâtre musical. L’émission, aujourd’hui distribuée par l’INA et LCJ Éditions & Productions, témoigne de l’ambition artistique de Michel Berger et de la versatilité de France Gall, ici dans un rôle tendre et mélancolique. Un moment à part dans la carrière de l’artiste, et une pièce rare pour les amateurs de télévision musicale des années 70.
France Gall