Naturelle, fraîche, enthousiaste.
C’est ainsi que sera encore France Gall le samedi 27 septembre dans l’émission de Michel « Stars ». Elle n’est plus seulement jolie. Elle est belle, décontractée, bien dans sa peau, heureuse de faire ce qu’elle aime vraiment.
C’est en 1974 que la nouvelle France a pris la place de l’ancienne. Avec la rencontre de Michel Berger : le coup de foudre ! Il lui écrit « La déclaration d’amour », un tube. Ils se marient et ne se quittent plus. France Gall jette définitivement aux orties son image de belle poupée naïve qui chantait un peu n’importe quoi…
Maintenant, celui qu’elle aime lui écrit les chansons qu’elle a envie de chanter. Résultat : rien que des succès (« Musique », « Viens je t’emmène », « Besoin d’amour »). Son dernier tube – « Il jouait du piano debout » – marche très fort.
À la mi-octobre, nous pourrons revoir France dans « Les nouveaux rendez-vous » d’Ève Ruggieri ; et fin octobre, dans un nouveau « Numéro un ». À 32 ans, France Gall effectue une rentrée 1980 sur les chapeaux de roues. Et des projets, elle en a encore plein la tête : un show télévisé qu’elle aimerait animer tous les deux mois, un disque au début de l’année prochaine qui, dit-elle, « sera une surprise exceptionnelle, quelque chose qu’on ne peut pas imaginer ». Alors, entre des chansons qui marchent, un mari qu’elle adore et sa petite fille Pauline – bientôt deux ans – que pourrait demander de plus France Gall ?
Gentille, détendue, elle remet une mèche, un peu de maquillage et une bouchée de crudités. France Gall a trouvé – difficilement – le temps de faire le point avec nous.
Avant, j’ai fait quelques chansons qui me ressemblaient. Mais j’ai fait aussi énormément de chansons qui n’étaient pas moi du tout. Entre autres, les chansons de Gainsbourg. Par exemple, « Les sucettes à l’anis ». Elles m’ont donné un personnage dont j’ai eu beaucoup de mal à me défaire.
Ce personnage, cette image, c’était celle d’une ravissante gamine en mini-jupe, idole « yé-yé » des années 60, qui courait les galas et chantait « Poupée de cire, poupée de son », Grand Prix de l’Eurovision 1965. Mais ensuite, il y a eu le revers de la médaille, la période « noire » de France Gall. Les tournées à l’étranger où elle ne faisait pas vraiment ce qu’elle avait envie de faire, mais était obligée d’exécuter ses contrats. Un jour, elle en eut « marre », plaqua toute son équipe et s’arrêta. Jusqu’au jour où, en 1974, elle rencontre Michel Berger.
Ses chansons, ses musiques, c’était un peu la concrétisation de ce que j’avais dans la tête et que je ne pouvais pas exprimer, puisque je n’avais pas su le faire. Je découvrais l’unique personne avec qui j’avais de nouveau envie de travailler.
Elle redresse sa tête blonde avec un sourire qui dessine deux charmantes fossettes. Est-elle vraiment heureuse ?
On ne peut pas rêver mieux. La réussite, c’est pas de vendre à tout prix, c’est de réussir avec ce que l’on aime, avec des chansons qui vous ressemblent, qui parlent avec ce que vous avez envie de dire. Il y a bien sûr des gens qui m’ont suivie, mais aussi toute une nouvelle génération de public qui est venue à moi avec les nouvelles chansons.
Un autre événement a bouleversé votre vie. Il y a deux ans, la naissance de votre petite fille Pauline.
Être maman, c’est extraordinaire. Et je trouve que 30 ans, c’était l’âge idéal. Quand je fais le point, je pense qu’il m’a fallu attendre d’avoir vingt-cinq ans pour être acceptable. À seize ans, j’étais vraiment pas adulte. J’étais un gros bébé !
Je crois qu’aujourd’hui j’ai réussi à réunir autour de moi tout pour être heureuse au maximum…
Dans sa vie de tous les jours, France Gall aime maintenant prendre « le temps de vivre », c’est-à-dire ne plus se précipiter, traîner un peu, faire ce qu’elle a envie sans être obligée de se presser.
De mon père, j’aime la brocante. Le samedi, le dimanche, il m’emmenait dans les foires. Et je ramenais toujours quelque chose. J’ai maintenant une collection de pots à vin en faïence et de pots à eau. Une centaine, qui vont de 1900 à 1940. C’est très décoratif.
Elle adore aussi faire la cuisine, prendre le temps de recevoir ses amis. Elle aime préparer elle-même les entrées chaudes, les tartes aux épinards, aux poireaux ou au saumon, les quiches.
Une troisième France Gall qui s’annonce ?
Elle s’arrête, soudain grave.
Je ne suis pas du tout inquiète pour mon avenir, lâche-t-elle. Je vis avec un homme qui me dit que vieillir n’a vraiment aucune importance…
Magazine : Télé Poche
Date : 24 septembre 1980
Numéro : 763