France Gall : “La musique m’a aidée à renaître”

Du 5 au 17 novembre, France Gall passe à l’Olympia. Ravie de faire découvrir son album “France”, mais surtout les chansons de Michel Berger, qu’elle n’a jamais interprétées.

Elle nous reçoit dans le studio d’enregistrement de Michel où elle a désormais installé ses bureaux.

Votre visage en noir et blanc sur les colonnes Morris de la capitale. Cela vous impressionne encore ?

Je préfère être sur les colonnes Morris que sur les « culs de bus » ! (rires). Mais je ne suis pas une fana. Au fond, je suis quelqu’un de très discret. Je n’aime pas qu’on parle de moi. Je sais, c’est plutôt paradoxal quand on fait ce métier. J’aime chanter mais je n’aime pas être dans la lumière.

L’Olympia manquait à votre carrière. Pourquoi n’y avoir jamais fait escale?

La vérité, c’est que je n’ai jamais eu envie de chanter à l’Olympia. Mais je voulais faire ma rentrée en novembre, et c’était le seul endroit disponible à Paris. C’est aussi la salle préférée des Parisiens. Enfin, tous les artistes le disent : c’est un endroit magique.

À l’approche d’une telle échéance, comment vous sentez-vous ?

J’ai hâte ! L’angoisse disparaît lorsqu’on maîtrise le sujet. C’est l’inconnu qui donne la peur. Depuis cette soirée de 1981, où, tremblante, dans les coulisses du Palais des Sports, j’attendais de faire mon entrée sur scène, je n’ai plus peur. Ce soir-là, Daniel Balavoine m’a enlevé le trac pour toute la vie. Il m’a dit: « Pourquoi t’as peur ? Personne n’a forcé à venir les gens qui sont là. Ils ont envie de te voir et ils t’aiment. ». Aujourd’hui, je sais qu’ils m’aiment. Tout est mélangé : les gens viennent pour Michel, sa musique et la femme que je suis.

Michel Berger parti depuis trois ans, quels sont ceux que vous solliciterez pour vos prochains albums ?

Je n’ai pas envie de travailler sur autre chose que la musique de Michel ! Croyez-moi, il y a matière. Il est installé pour bien plus longtemps que nous. Ce n’est pas un petit auteur-compositeur dont on ne parlera plus dans cinq ans. Voyez le succès de “Starmania”, sa comédie musicale !

Vous dites que l’album “France” vous a aidée à renaître …

La musique m’a aidée à renaître parce que je sens un vrai changement intérieur. Je ne suis pas d’accord avec Yves Montand qui déclarait, à l’occasion de son mariage avec Carole Amiel : « On ne refait pas sa vie, on la continue. » Moi, j’ai au contraire le sentiment de recommencer une autre existence.

Si Pauline, votre fille, vous annonçait qu’elle désire suivre vos traces, comment réagiriez-vous?

Très bien. Je la laisserais apprendre et voir. Les enfants de chanteur ont un avantage sur les autres : ils sont beaucoup plus lucides sur la réalité, la dureté et les difficultés de cette profession. S’ils veulent être ça, c’est qu’ils aiment vraiment ça. Pour l’heure, ma fille s’apprête à suivre une préparation aux grandes écoles d’art.

Et Raphaël ?

J’ai un fils qui abandonne plein de choses parce qu’il refuse de subir la comparaison. Au bout de sept ans, il a arrêté le piano pour faire de la batterie. Aujourd’hui, c’est la guitare. À la maison, on n’écoute plus que Metallica (rires).

Si c’était à recommencer, vous referiez France Gall ?

Pendant la moitié de ma vie de chanteuse, je vous aurais répondu : non. Il y a toute une époque que je veux oublier, celle de mes débuts. Quand vous commencez, les gens n’ont aucun respect pour vous. C’est très dur pour une fille de 16 ans. Il aurait fallu prendre des gants avec moi. J’ai mis vingt ans à m’en remettre. Quand j’ai rencontré Michel, je n’étais pas encore rassurée. C’est lui qui m’a donné confiance. Alors, aujourd’hui, je vous réponds : oui !

Magazine : Télé Poche Magazine
Entretien: Daniel BEAUCOURT
Date : Octobre 1996
Numéro : 1600

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