Le tour de France 88
En novembre 1987, France Gall retrouve le Zénith de Paris pour une série de concerts qui font suite au succès phénoménal de l’album Babacar. Plutôt que d’opter pour l’immensité de Bercy, elle choisit la proximité de cette salle qu’elle connaît déjà. Avec Michel Berger à la mise en scène et une scénographie pensée pour abolir les frontières entre la scène et le public, elle crée une ambiance festive, intime et poétique. Entourée de ses musiciens fidèles, de choristes et des légendaires Phenix Horns d’Earth, Wind & Fire, France Gall réinvente son spectacle avec audace. Parmi les moments forts : Babacar, sublimé par les percussions de Doudou N’diaye Rose, J’irai où tu iras porté par une section cuivres explosive, ou encore Ella, elle l’a, devenu emblématique. L’album Le Tour de France 88, captation de ce spectacle, paraît en double vinyle, cassette, CD, VHS et LaserDisc. Entre énergie live, sophistication musicale et communion avec le public, ce disque prolonge la magie d’une tournée pensée comme un véritable partage. C’est une nouvelle démonstration de force de France Gall, qui impose sa modernité et sa générosité sur scène.
4e album live
7 novembre 1988
*Chansons d'un medley qui ne figurent pas sur la version disque, uniquement sur la VHS et le Laserdisc.
Trois ans après un premier passage remarqué, France Gall revient au Zénith de Paris à l’automne 1987 pour une série de concerts inédits. À l’époque, le quartier de la Villette connaît une profonde mutation. Autour de la salle de spectacle, autrefois voisine des abattoirs, s’élèvent désormais la Géode et la Cité des sciences et de l’industrie. Un quartier en pleine transformation, à l’image d’une artiste elle aussi en mouvement.
Entre le 12 novembre et le 6 décembre, des milliers de spectateurs, conquis par l’album Babacar, affluent pour applaudir France Gall. On lui propose de se produire à Bercy, mais elle refuse. Trop vaste, trop impersonnel. Elle préfère le Zénith, plus intime. Dans Paroles et Musique, elle détaille sa vision du spectacle : une scène circulaire, un espace ouvert, où le public peut se tenir debout, parfois même monter sur scène. Elle imagine un esprit de fête, une ambiance de place de village la nuit, où la musique rassemble.
La mise en scène est signée Michel Berger, assisté de Corinne Barcessat, avec une direction artistique assurée par France Gall elle-même. Pour appuyer l’ambiance, des projections étoilées et des visuels accompagnent les morceaux, créant un décor onirique. Le nom d’Ella Fitzgerald s’y inscrit au moment d’Ella, elle l’a, clin d’œil appuyé et symbolique.
Musicalement, le spectacle est porté par une équipe solide. Jannick Top en assure la coordination, épaulé par onze musiciens et deux choristes. Parmi eux, la légendaire section cuivres des Phenix Horns, venus tout droit d’Earth, Wind & Fire. Leur arrivée à mi-parcours du show électrise la salle. Leur contribution est particulièrement marquante sur J’irai où tu iras et Big Fat Mamma, où l’énergie du funk rencontre la pop synthétique. Autre moment fort : Babacar, porté par la performance de Doudou N’diaye Rose, percussionniste sénégalais de renom, considéré plus tard comme « Trésor humain vivant » par l’Unesco. Sa présence sur scène, en écho à ses engagements pour la préservation des percussions traditionnelles, donne au concert une intensité rare.
Dans le public, l’enthousiasme est palpable. Un journaliste de Top 50 décrit l’attente fébrile, la magie de l’ouverture, la montée en puissance d’une France Gall à la fois fragile et énergique, portée par une scénographie millimétrée et une lumière subtile. L’album live Le Tour de France 88, qui résulte de cette tournée, reflète cette alchimie. Il sort en double vinyle, cassette, CD, mais aussi en VHS et LaserDisc. Ces deux derniers formats proposent un medley de titres non présent sur les éditions audio : Je saurai être ton amie, Le Meilleur de soi-même, Si, maman, si, La Fille de Shannon, Tu comprendras quand tu seras plus jeune, Ce soir je ne dors pas.
Avec ce nouveau spectacle, France Gall affirme une fois de plus son exigence artistique et sa capacité à évoluer. Elle sait fédérer autour d’elle des talents variés, créer un pont entre tradition et modernité, et surtout faire de la scène un espace de rencontre sincère avec son public. La tournée est un triomphe, tant sur le plan visuel que musical, et vient consacrer un moment-clé dans sa carrière.