Poupée de son (Compilation avec OBI – Japon 🇯🇵)

Réédition au format CD de Poupée de son de France Gall (avec OBI*), édité en 2007 au Japon. Cette compilation, initialement parue le 7 juillet 1992, regroupe 23 titres de France Gall enregistrés entre 1963 et 1967.

Dans la même série, un coffret de 4 CD est paru en 1992 compilant 66 titres de France Gall, de Allo ? Monsieur là-haut à Un prince charmant, en passant par Les yeux bleus … Cette édition, comme souvent avec les disques en provenance du Japon, contient les traductions en japonais des paroles des chansons proposées. On regrettera la qualité médiocre de l’impression, bien inférieure à celle de la version originale de 1992.

Un OBI (帯 en japonais, signifiant “ceinture” ou “bande”) est une bandelette de papier ou de carton incluse avec les disques (vinyles, CD, DVD, etc.) produits au Japon. Positionnée autour de la pochette ou de l’étui, elle sert principalement d’élément promotionnel et informatif. L’OBI contient généralement des informations en japonais telles que :
Le titre de l’album, de l’artiste, et des chansons, le prix, le code de produit et parfois des détails sur l’édition (édition limitée, remasterisée, etc.) ou des descriptions ou commentaires spécifiques au marché japonais.
L’OBI est très prisé des collectionneurs, car il ajoute de la valeur aux disques et reflète l’état complet de l’édition originale.

À quelques exceptions près, hier comme aujourd’hui, une image joyeuse et saine est indispensable pour une « idole ».

Comme on peut le voir sur la photo de la pochette de cet album, France Gall, avec sa jolie frimousse de blonde aux cheveux courts et sa voix un peu enfantine qu’elle pousse en chantant, avait dès ses débuts tous les éléments pour incarner parfaitement une « idole ». En 1965, sa chanson « Poupée de cire, poupée de son » fut un immense succès non seulement en France, mais aussi au Japon, contribuant, avec Sylvie Vartan qui partageait à l’époque sa popularité en France, à introduire au Japon le terme encore méconnu de « idole ». Depuis, « Poupée de cire, poupée de son » reste une chanson emblématique de la pop française et a récemment ravivé l’intérêt pour France Gall chez les fans de ce qu’on appelle la « scène Shibuya-kei ».

Cet album rassemble des œuvres que France Gall a publiées entre 1963, année de ses débuts, et 1967. En d’autres termes, il s’agit d’une compilation de ses succès durant sa période d’« idole ». Cela dit, si l’on s’en tenait à « Profitez pleinement de sa voix jeune et pétillante », ce serait un commentaire trop simpliste. Certes, cela reste une manière correcte d’apprécier cet album, mais il existe un autre angle d’écoute. Cet angle repose sur un homme, Serge Gainsbourg, qui, en véritable marionnettiste, a su manipuler cette idole typique comme une poupée pour le plus grand plaisir des adultes (soit dit en passant, sur la photo utilisée pour la pochette intérieure, Serge Gainsbourg, avec une cigarette Gitanes à la main, est assis à côté de France Gall).

Cet album inclut huit chansons écrites et composées par Serge Gainsbourg, enrichissant encore davantage l’intérêt de cette compilation. Mais avant d’aborder ces morceaux, présentons brièvement le profil de France Gall.

Le nom de France Gall, qui sonne trop parfait pour une « idole », est en réalité un pseudonyme. Son vrai nom est Isabelle Gall. Née le 9 octobre 1947 à Paris, elle grandit dans une famille de musiciens : son grand-père fut l’un des fondateurs du célèbre chœur des « Petits Chanteurs à la Croix de Bois », et son père, parolier de chansons, a écrit des succès pour des artistes comme Charles Aznavour. Naturellement, elle reçoit une éducation musicale dès son plus jeune âge et fait ses débuts en 1963 avec la chanson « Ne sois pas si bête ». Grâce au succès de cette œuvre, elle démarre brillamment et enchaîne avec des hits comme « Sacré Charlemagne », « Laisse tomber les filles » ou « Christiansen ».

Alors que la chanson française, jusque-là, s’adressait essentiellement aux adultes, ses textes reflétant les sentiments de sa génération et ses mélodies faciles à chanter créèrent une véritable révolution sur la scène pop française, obtenant un soutien massif des jeunes, tout comme le rockabilly américain des années 1950 ou les Beatles des années 1960 dans leurs pays respectifs.

En 1965, elle participe au Concours Eurovision de la chanson, tremplin pour les hits et les stars en Europe, et remporte le Grand Prix avec « Poupée de cire, poupée de son », devenant alors une figure incontournable. Cependant, cette chanson provoqua un vif débat parmi les jurés. Les opposants affirmaient : « Nous ne pouvons pas accepter une chanson avec une telle rythmique rock’n’roll. » Fait surprenant, ce sont les jurés français qui défendaient fermement cette position. On raconte même que les musiciens de l’orchestre, chargés d’accompagner la prestation, étaient réticents à interpréter cette chanson. Ce fut une illustration des conflits entre les adultes conservateurs et les jeunes en rébellion contre les valeurs établies.

Bien sûr, cette œuvre connut une immense popularité auprès des adolescents. Au Japon, la notoriété de France Gall explosa, au point qu’en 1966, elle y donna un concert et réenregistra même certaines chansons en japonais, suscitant une véritable frénésie. Par la suite, malgré de nouveaux succès, elle finit par se retirer soudainement, « fatiguée de jouer le rôle d’idole ». Après environ dix ans d’absence, elle réapparaît au sommet avec une image transformée, au cœur de la vague disco, redevenant une star majeure de la scène pop.

La rencontre entre Serge Gainsbourg et France Gall date de 1964, lorsqu’il écrivit pour elle « N’écoute pas les idoles ». Engagé comme auteur exclusif par le même label qu’elle, Philips Records, Gainsbourg composa en 1965 « Poupée de cire, poupée de son ». Ce succès, vainqueur de l’Eurovision, connut un succès fulgurant, avec des commandes atteignant 20 000 exemplaires par jour, propulsant les deux artistes sous les projecteurs, mais marquant également le début d’une relation tumultueuse.

En 1966, France Gall sort « Les Sucettes », une chanson écrite par Gainsbourg. Bien qu’en apparence anodine, parlant d’une jeune fille aimant les sucettes à l’anis, cette chanson recèle un double sens. Si l’on peut penser qu’écrire une telle chanson pour une jeune fille de 18 ans était insensé, Gainsbourg, loin d’être naïf, y avait inséré une signification suggestive. Ainsi, les hommes adultes pouvaient sourire en écoutant France Gall chanter innocemment cette chanson, sans qu’elle-même en comprenne la portée.

Lors d’une interview en septembre 1978 dans les bureaux de sa maison de disques à Paris, elle revient sur cette époque : « Une fois devenue une idole et ayant du succès, je n’avais d’autre choix que de continuer à jouer ce rôle, et cela jusqu’à près de mes 20 ans. Mais chanter les chansons de Serge, c’était différent. J’aimais beaucoup son travail. Cependant, cette chanson-là (Les Sucettes) était une exception. À l’époque, je ne comprenais pas ce qu’elle signifiait, mais lorsque je l’ai découvert plus tard, j’ai été choquée. Je me suis demandé ce que les gens avaient bien pu penser de moi à ce moment-là. »

Cela montre qu’elle ressentait elle-même un certain rejet envers les adultes qui lui imposaient ce rôle d’idole. On pourrait dire que Gainsbourg, percevant ce conflit intérieur, l’a aidée, à sa manière, à se libérer de ce rôle d’idole.

Si l’on met trop l’accent sur cet exemple, cela risquerait de réduire Gainsbourg à cette seule facette. Pourtant, l’homme, qui déclarait cyniquement que « la vie est semblable à un condamné à mort en sursis indéterminé », exprimait dans son art une rébellion contre le pouvoir, les conventions sociales et la morale établie. Il jouait avec les mots et leurs doubles sens, enveloppant ce poison dans de belles mélodies, ce qui rendait son message encore plus percutant.

Huit chansons écrites par Gainsbourg figurent dans cet album (n°1, 4, 5, 8, 12, 16, 17 et 19), et je recommande de les écouter en prêtant attention aux paroles ou à leur musicalité. Ceux qui souhaiteraient approfondir leur connaissance de Gainsbourg pourront aussi se tourner vers les livres ou disques qui lui sont consacrés.
小林俊彦 (Kobayashi Toshihiko)

Philips – UICY-6679
2007
Photo couverture : Patrick Bertrand
Design : ALD
Ed. Sidonie, sauf 7: Ed. Integrity Music Corporation / Nancy Music Company

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