Vidéos

Paris, France

Avec Paris, France, sorti en 1980, France Gall inaugure une nouvelle décennie en changeant de ton. Exit les orchestrations riches et les climats disco de la fin des années 70 : ici, tout est plus resserré, plus direct, presque brut. Ce virage, elle l’assume pleinement, tant sur le fond que dans la forme. Photographiée par Michel Berger dans un noir et blanc dépouillé, France Gall apparaît en couverture telle qu’elle est alors : jeune mère, artiste accomplie, mais lucide. Elle chante avec une sincérité désarmante Il jouait du piano debout, La Chanteuse qui a tout donné, ou Plus d’été, dans un registre plus rock, plus tendu, plus contemporain. Enregistré au studio Gang, l’album s’appuie sur une équipe de musiciens impliqués, aux influences multiples. Les arrangements sont dépouillés, la voix de France Gall se détache sans filtre. Avec Plus haut, Ma vieille Europe ou La Mort douce, elle touche à l’intime, portée par des textes plus introspectifs. Un disque personnel, élégant, ancré dans son époque mais tourné vers l’essentiel.

3e Album Studio
19 mai 1980

L'album

1er extrait - Il jouait du piano debout

2ème extrait - Bébé, comme la vie

Avec Paris, France, France Gall ouvre une nouvelle décennie en s’éloignant des ambiances disco et des mondes fantasmés. L’heure est à l’introspection, au recentrage. La pochette en noir et blanc dit déjà beaucoup : une jeune mère, les bras repliés autour de ses jambes, le regard presque ailleurs. Ce cliché intime, capturé par Michel Berger lui-même, résume l’esprit du disque. Plus direct, plus dépouillé. Moins de décors, plus de vérité.

Après les expérimentations sonores de Dancing Disco ou la fresque théâtrale de Starmania, cet album se distingue par son approche plus épurée. France Gall, tout juste devenue maman, y livre des chansons plus personnelles, avec un son plus resserré. Les arrangements sont volontairement sobres : exit les cordes luxuriantes et les cuivres éclatants. Guitare, basse, clavier, batterie – la formule est plus rock, plus directe. Seul le saxophone de Patrick Bourgoin vient ponctuer quelques titres de ses envolées.

C’est au Studio Gang, dans leur cocon parisien, que l’album prend forme. Jean-Pierre Janiaud, fidèle ingénieur du son, se souvient d’un enregistrement à la fois précis et vivant. Tout partait du fameux “grand carnet noir” de Michel Berger, où chaque chanson était déjà esquissée. Michel posait le carnet sur le piano, jouait, chantait, et la magie opérait. La musique se construisait en direct, dans une ambiance de liberté maîtrisée. Les musiciens pouvaient proposer, improviser, tant que cela restait fidèle à l’élégance attendue. France Gall, toujours présente, suivait chaque étape avec exigence et intuition.

Elle racontait plus tard, dans le livret de l’intégrale de 2004, à quel point chanter en studio est un exercice exigeant, presque vertigineux. Ce moment où la voix va être gravée, figée, offerte à des millions d’oreilles, est à ses yeux l’un des plus intimes. Préparation minutieuse, rituels discrets, exigence absolue… Elle confie son attachement à son micro fétiche, un Neumann U47 FET, qui lui donne cette voix ronde et chaleureuse. Et surtout, elle évoque la présence rassurante de Michel, qui l’accompagnait jusque dans la direction vocale, avec justesse et bienveillance.

La réalisation de Paris, France repose aussi sur un groupe de musiciens solides, souvent proches de l’univers de Berger. On retrouve le bassiste Jannick Top, déjà entendu sur Starmania, et le guitariste Slim Pezin, à la carrière éclectique (de Manu Dibango à Michel Sardou). Il n’y a plus de chef d’orchestre : chaque musicien est force de proposition, acteur du son de l’album.

Dans les textes signés Berger, on sent poindre une autre forme de maturité. La chanteuse qui a tout donné, La mort douce, Parler, parler ou Plus haut sont traversés par des thèmes plus vastes, parfois métaphysiques. La quête de sens, la tension entre l’intime et le monde, la force des éléments, l’envie de s’élever. Cette évolution intérieure est sans doute aussi liée à un événement majeur dans la vie de France Gall : la naissance de Pauline, en novembre 1978.

Porté par deux singles forts – Il jouait du piano debout et Bébé, comme la vie –, l’album rencontre son public et atteint les 300 000 ventes, certifié disque de platine. Mais au-delà des chiffres, Paris, France marque surtout une étape essentielle dans le parcours de la chanteuse : celle où elle affirme pleinement son identité, sa voix, sa façon d’être au monde.